Une Marseillaise ou un autre air musical, un plan large sur le palais de l'Élysée et puis le Président apparaît, tantôt debout, tantôt assis, beaucoup ont opté pour la sobriété d'un bureau ou d'une bibliothèque, l'un d'eux a choisi le feu de cheminée, puis s'ensuit un discours, plus ou moins long. Chaque mot est pesé, chaque tournure travaillée.
Les vœux télévisés à la Nation du président de la République sont toujours scrutés. Empreints de solennité, ils reviennent souvent sur les événements marquants de l'année passée et tracent souvent des perspectives très consensuelles pour l'avenir, basées sur l'unité de la Nation et l'espérance dans des temps meilleurs.
Mais parfois, ils surprennent, ils marquent, ils prennent une tournure forte. C'est le cas des vœux prononcés par ceux qui savaient qu'ils s'agissaient de leurs derniers, ou de ceux qui closent des années difficiles marquées tantôt par la crise, tantôt par des attentats. Incontestablement, les derniers vœux de François Mitterrand en 1994 restent jusqu'à maintenant les plus marquants.
Sous la IVe République, la tradition des vœux présidentiels n'est pas installée. Le président de la République Vincent Auriol est l'un des premiers à s'exprimer devant les Français. Il ne parle pas le 31 décembre, mais le 6 janvier 1949, dans une France encore marquée par les stigmates de la Seconde Guerre mondiale.
"Je souhaite que le spectacle de nos ruines, et de tant de foyers encore sans abri, écarte les égoïsmes aveugles trop nombreux, et exalte le travail dans un fraternel souci de justice sociale, et la solidarité de tous les Français, vertu nécessaire", exhorte alors le chef de l'État, dont la fonction n'était que symbolique.
Le général de Gaulle, premier Président de la Ve République, installe la tradition télévisée le 31 décembre. En 1968, lors de son discours qui sera le dernier du genre, le chef de l'État entend clore une année de révolte et contestation de son pouvoir, avec des vœux offerts de "ton [son] cœur, que n'épargnent pas les soucis". Les mots sont forts et le ton grave.
Valéry Giscard d'Estaing, qui se voulait réformateur, est celui qui, probablement, a le plus cherché à dépoussiérer l'exercice des vœux présidentiels. Le Président, déjà, choisit en 1974 un fauteuil et un feu de cheminée pour présenter ses vœux, loin de l'ambiance feutrée d'un bureau. Le 31 décembre 1975, il invite Anne-Aymone, son épouse, à participer à ce rendez-vous avec les Français. Le résultat est, incontestablement, un échec, et la Première dame apparaît extrêmement gênée.
Fait unique dans l'histoire des vœux télévisés, François Mitterrand a décidé d'enregistrer ses vœux hors de l'Élysée, choisissant Strasbourg. Un triple symbole pour le premier président de gauche de la Ve République, réélu au mois de mai précédent : la ville est contestée dans sa nature de capitale européenne, il entend ainsi célébrer les 2.000 ans de la fondation de Strasbourg, et il veut entrer dans l'année du bicentenaire de la Révolution dans la ville où fut composé le Chant de l'Armée du Rhin de Rouget de Lisle, notre Marseillaise.
Comme nous l'avons déjà dit, il s'agit probablement des vœux les plus marquants et les plus émouvants dans l'histoire de l'exercice. En 1994, gravement malade et affaibli, François Mitterrand présente ses derniers vœux, vibrants et spirituels. "Je crois aux forces de l'esprit, et je ne vous quitterai pas", lance celui qui mourra un an plus tard.
En 1997, Jacques Chirac innove : pour la première fois, un Président adresse ses vœux aux Français debout. Battu aux législatives quelques mois auparavant, il entend réaffirmer son pouvoir face au Premier ministre socialiste Lionel Jospin : "Responsable de l'avenir de la Nation, j'interviendrai chaque fois que ses intérêts seront en jeu pour vous dire ce que je crois être bon pour les Français ou, au contraire, dangereux pour la France."
En 2007, Nicolas Sarkozy élu quelques mois plus tôt, se risque pour la première et seule fois au direct. Dans cette allocution, il remercie de nouveau les Français pour son élection. Il promet du changement, un mot qui revient à plusieurs reprises, et en appelle à une nouvelle "Renaissance" en France.
Lors de la campagne, il avait dit que son "ennemi, c'est la finance". En 2013, François Hollande lors de ses vœux se tourne vers les entreprises. Il annonce alors la création d'un "pacte de responsabilité" avec une loi pour qu'il y ait "moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en même temps, une contrepartie, plus d'embauches et plus de dialogue social". Un reniement de ses engagements pour certains.
L'année 2015 a été marquée par une série d'attentats meurtriers en janvier, puis en novembre. C'est ce sujet que François Hollande choisit d'aborder longuement : "Ces tragédies resteront gravées dans nos mémoires, mais malgré le drame, la France n'a pas cédé". "Françaises, Français, je suis fier de vous", lance le chef de l'État.
En 2018, Emmanuel Macron a fait face à l'un des plus grands mouvements sociaux qu'a connu la France : les "gilets jaunes". Dans ces vœux qu'il veut d'apaisement, le Président tente de rassurer les Français, sans toutefois ne rien annoncer de concret, provoquant une certaine déception chez les manifestants.
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