C'est une affaire qui semble interminable pour les parents du petit Grégory Villemin et la France entière qui s'est passionnée pour ce terrible fait divers. Le 16 octobre 1984, le corps du garçon de 4 ans a été retrouvé pieds et mains liés dans la Vologne, dans les Vosges. Un mystérieux corbeau revendique le meurtre par téléphone, et les parents reçoivent une lettre anonyme le lendemain.
Depuis, l'affaire a été marquée par de nombreux rebondissements, de l'inculpation de la mère Christine Villemin, au meurtre de Bernard Laroche par le père du garçonnet, aux nouvelles expertises ordonnées cette année en passant par les mises en examen de trois autres membres de la famille en 2017.
Près de 37 ans plus tard, le meurtre du petit Grégory n'a pas été élucidé. Retour sur les dates clés d'une affaire qui reste un mystère.
16 octobre 1984 : Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges, quelques heures après l'alerte de sa disparition.
17 octobre 1984 : découverte d'une lettre qui s'adresse à Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. La lettre anonyme a été postée quelques heures avant la mort de l'enfant et revendique le meurtre. Le corbeau écrit ces quelques mots : "J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance pauvre con !"
5 novembre 1984 : Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie, est inculpé d'assassinat par le juge Jean-Michel Lambert et écroué. Sa belle-soeur, Murielle Bolle, et des expertises graphologiques le désignent. Deux jours après, Murielle Bolle se rétracte.
29 mars 1985 : Jean-Marie Villemin tue Bernard Laroche, libéré deux mois avant., d'un coup de fusil.
5 juillet 1985 : la mère de Grégory, Christine Villemin, désignée comme possible corbeau par des graphologues, est inculpée et écrouée. Elle est mise durant quelques jours en détention préventive.
3 février 1993 : Christine Villemin est innocentée.
16 décembre 1993 : Jean-Marie Villemin écope de 5 ans de prison ferme dont un avec sursis pour le meurtre de Bernard Laroche. Il sera libéré quelques jours après, ayant purgé l'essentiel de sa peine en détention préventive, de mars 1985 à décembre 1987.
30 juin 2004 : l'État est condamné à verser 35.000 euros à chacun des parents de Grégory pour dysfonctionnement de la justice.
3 décembre 2008 : la cour d'appel de Dijon, saisie par les époux Villemin, ordonne la réouverture de l'enquête pour une nouvelle recherche d'ADN.
24 avril 2013 : le procureur général de la cour d'appel de Dijon, Jean-Marie Beney, présente les résultats non concluants des dernières analyses ADN et annonce que le dossier n'est pas clos, mais que d'un point de vue scientifique, "l'espoir" de trouver le coupable "s'éloigne".
14 juin 2017 : Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory et Ginette Villemin, tante de Grégory, sont mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". Ces trois mises en examen seront annulées en mai 2018 pour des raisons de procédure.
29 juin 2017 : Murielle Bolle est mise en examen pour "enlèvement suivi de mort" et incarcérée. Le procureur général évoque "un témoignage très précis" d'un cousin éloigné selon lequel sa rétractation en 1984 aurait été due à des violences de son entourage.
11 juillet 2017 : Premier magistrat chargé en 1984 d'instruire l'affaire, le juge Lambert est retrouvé mort à son domicile. Dans une lettre-testament, il estime que "ce énième "rebondissement" est infâme" et défend une nouvelle fois l’innocence de Bernard Laroche.
4 août 2017 : Murielle Bolle est remise en liberté sous contrôle judiciaire.
16 janvier 2020 : La cour d'appel de Paris a décidé d'annuler les déclarations de Murielle Bolle au cours de sa garde à vue en 1984.
19 avril 2020 : la grand-mère du petit Grégory, Monique Villemin, décède. Des expertises l'avaient désignée comme l'un des corbeaux. Elle aurait écrit au juge à deux reprises, une première fois en 1985 pour désigner Murielle Bolle et Bernard Laroche, puis une seconde fois en 1989 pour désigner Christine Villemin sa belle-fille.
16 décembre 2020 : l'enquête reprend et un nouveau magistrat mène une série d'auditions et un rapport de stylométrie, technique qui permet d'identifier l'auteur d'un texte d'après son style d'écriture. Cette technique n'apportera pas de preuves mais de simple présomptions.
27 janvier 2021 : la Cour d'appel de Dijon accepte "la quasi-totalité" des demandes de nouvelles expertises génétiques formulées par les époux Villemin. Principale requête acceptée : celle demandant l'utilisation de la technique de "l'ADN de parentèle" sur 9 ADN inconnus. Cette méthode récente permet de prélever un ADN et de remonter cette trace jusqu'à des membres d'une même famille grâce aux gènes héréditaires.