Le pape émérite Benoît XVI est mort ce samedi 31 décembre 2022. "J'aimerais vous demander à tous une prière spéciale pour le pape émérite Benoît. Pour entretenir sa mémoire, car il est gravement malade, pour demander au Seigneur de le consoler et de le soutenir", a déclaré le pape François quelques heures plus tôt, à la fin de son audience générale hebdomadaire, au Vatican.
Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927, en Bavière (Allemagne), la veille de Pâques, la fête la plus importante du christianisme. Il avait une grande sœur, Maria, et un grand frère, Georg, mort le 1er juillet dernier. Contre son gré, il fut incorporé de force aux Jeunesses hitlériennes, selon une biographie, Le Sel et la Terre. Il fut incorporé ensuite dans l'armée allemande, mais déserta dès l'annonce de la reddition.
Entré au séminaire à la Libération, Joseph Ratzinger fut ordonné prêtre en même temps que son frère en 1951, à l'âge de 24 ans. Il poursuivit néanmoins ses études jusqu'à l'obtention d'un doctorat en théologie. Dès 1958, il fut nommé professeur de théologie en Allemagne.
En tant que "consulteur théologique", Joseph Ratzinger participa au concile Vatican II, de 1962 à 1965. Cette réunion historique des évêques du monde avait pour vocation de faire "l'aggiornamento" ("mise à jour" en italien) de l'Église. Elle aboutit notamment à de grandes réformes théologiques (liberté religieuse, promotion de l’œcuménisme) et liturgiques (autorisation des langues vernaculaires pour la messe).
En mars 1977, Joseph Ratzinger devint archevêque de Munich et Freising. Trois mois plus tard, le pape Paul VI le fit cardinal. Il participa ainsi aux conclaves d'août et octobre 1978, lesquels élurent respectivement Albino Luciani (Jean-Paul Ier, qui mourut 33 jours après son élection) et Karol Wojtyła (Jean-Paul II).
En 1981, Joseph Ratzinger fut nommé préfet de la très puissante Congrégation pour la Doctrine de la foi par le pape Jean-Paul II. Ce "ministère" du Vatican est chargé de s'assurer de la rectitude de la doctrine catholique, ce qui lui permet d'aller jusqu'à l'excommunication si besoin.
À ce poste, nombre de ses adversaires l'accusèrent d'avoir un positionnement très conservateur, voire réactionnaire. En plus de défendre les positions traditionnelles de l'Église sur le célibat des prêtres, l'ordination des femmes, l'avortement ou encore l'homosexualité, Joseph Ratzinger fut aussi critiqué pour ses positions sur l’œcuménisme. En 2000, il affirma la supériorité de l'Église catholique sur les autres Églises chrétiennes dans la déclaration Dominus Iesus, ce qui ne fût pas sans provoquer des reproches.
Après la mort de Jean-Paul II, un nouveau conclave se réunit pour élire un pape le 18 avril 2005. Selon des indiscrétions publiées après coup, Joseph Ratzinger fit vite figure de favori, bien qu'un certain Jorge Bergoglio, le futur pape François, s'afficha comme un concurrent sérieux. Il fut néanmoins élu dès le lendemain. Il choisit le nom de Benoît, utilisé pour la dernière fois en 1854.
Le pontificat de Benoît XVI s'inscrit dans la lignée de celui de son prédécesseur et de son mandat à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Sur le plan doctrinal, il fut souvent qualifié de conservateur. Il œuvra pour la réintégration de certains traditionalistes séparés de Rome depuis le concile Vatican II. Il apparaît moins charismatique que son prédécesseur Jean-Paul II.
C'est au cours du pontificat que la question des abus sexuels dans l'Église éclata au grand jour, même si de premiers scandales apparurent dès la fin du pontificat de Jean-Paul II. Alors que ce dernier était resté étranger et assez mutique sur ces questions, Benoît XVI condamna publiquement à plusieurs reprises les abus commis dans l'Église et appela à la coopération avec les autorités civiles, dans une Lettre aux catholiques d'Irlande.
Mais aux yeux du monde, ce qui marqua le plus le pontificat de Benoît XVI, ce fut sa renonciation à la charge papale. Le 11 février 2013, il annonça sa renonciation à compter du 28 février à 20 heures, en raison de sa "vigueur qui s'est amoindrie" et son "incapacité à bien administrer le ministère qui [lui] a été confié." Il était alors âgé de 85 ans. Le dernier pape à avoir renoncé à l'époque était Grégoire XII en 1415.
Comme prévu, Benoît XVI quitta les appartements pontificaux le 28 février 2013 et prit le titre de "pape émérite". Il vécut dès lors retiré dans un petit monastère du Vatican, dans la discrétion. Son successeur, le pape François lui rendit visite à plusieurs reprises, et l'invita à quelques occasions. En septembre 2016, un livre entretien intitulé Dernières conversations fut publié.
En juin 2020, Benoît XVI était apparu très affaibli et aminci lorsqu'il alla rendre visite à son frère mourant. Ce fut la dernière sortie du pape émérite. Le 3 juillet 2020, Benoît XVI a été décrit par son biographe Peter Seewald comme "extrêmement fatigué" en raison d'une maladie infectieuse au visage.
En fêtant son 93e le 4 septembre 2020, Benoît XVI devint le plus vieux pape de l'histoire. En décembre 2020, des cardinaux nouvellement créés étaient allés lui rendre visite. Benoît XVI apparut "lucide et souriant" bien qu'il s'exprimait alors avec difficulté. "Le Seigneur m'a enlevé la parole pour me faire apprécier le silence", confia-t-il à ses invités.
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