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Mort de Benoît XVI : retour sur la vie de Joseph Ratzinger

Joseph Ratzinger, plus connu sous son nom de pape, Benoît XVI, est décédé. Il avait renoncé en 2013 au trône de saint Pierre, devenant ainsi le premier pape émérite depuis six siècles.

Le pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger), le 6 janvier 2013, à la basilique Saint-Pierre de Rome (Italie)
Le pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger), le 6 janvier 2013, à la basilique Saint-Pierre de Rome (Italie)
Crédit : VINCENZO PINTO / AFP
Paul Turban

Le pape émérite Benoît XVI est mort ce samedi 31 décembre 2022. "J'aimerais vous demander à tous une prière spéciale pour le pape émérite Benoît. Pour entretenir sa mémoire, car il est gravement malade, pour demander au Seigneur de le consoler et de le soutenir", a déclaré le pape François quelques heures plus tôt, à la fin de son audience générale hebdomadaire, au Vatican.


Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927, en Bavière (Allemagne), la veille de Pâques, la fête la plus importante du christianisme. Il avait une grande sœur, Maria, et un grand frère, Georg, mort le 1er juillet dernier. Contre son gré, il fut incorporé de force aux Jeunesses hitlériennes, selon une biographie, Le Sel et la Terre. Il fut incorporé ensuite dans l'armée allemande, mais déserta dès l'annonce de la reddition. 

Entré au séminaire à la Libération, Joseph Ratzinger fut ordonné prêtre en même temps que son frère en 1951, à l'âge de 24 ans. Il poursuivit néanmoins ses études jusqu'à l'obtention d'un doctorat en théologie. Dès 1958, il fut nommé professeur de théologie en Allemagne. 

Joseph Ratzinger portant un uniforme d'assistance de l'armée de l'air allemande en 1943.
Joseph Ratzinger portant un uniforme d'assistance de l'armée de l'air allemande en 1943.
Crédit : STF / KNA-Bild / AFP

En tant que "consulteur théologique", Joseph Ratzinger participa au concile Vatican II, de 1962 à 1965. Cette réunion historique des évêques du monde avait pour vocation de faire "l'aggiornamento" ("mise à jour" en italien) de l'Église. Elle aboutit notamment à de grandes réformes théologiques (liberté religieuse, promotion de l’œcuménisme) et liturgiques (autorisation des langues vernaculaires pour la messe). 

Une ascension rapide

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En mars 1977, Joseph Ratzinger devint archevêque de Munich et Freising. Trois mois plus tard, le pape Paul VI le fit cardinal. Il participa ainsi aux conclaves d'août et octobre 1978, lesquels élurent respectivement Albino Luciani (Jean-Paul Ier, qui mourut 33 jours après son élection) et Karol Wojtyła (Jean-Paul II). 

Joseph Ratzinger est ordonné archevêque de Munich le 28 mai 1977
Joseph Ratzinger est ordonné archevêque de Munich le 28 mai 1977
Crédit : HO / ERZBISTUM MUENCHEN UND FREISING / AFP

En 1981, Joseph Ratzinger fut nommé préfet de la très puissante Congrégation pour la Doctrine de la foi par le pape Jean-Paul II. Ce "ministère" du Vatican est chargé de s'assurer de la rectitude de la doctrine catholique, ce qui lui permet d'aller jusqu'à l'excommunication si besoin. 

À ce poste, nombre de ses adversaires l'accusèrent d'avoir un positionnement très conservateur, voire réactionnaire. En plus de défendre les positions traditionnelles de l'Église sur le célibat des prêtres, l'ordination des femmes, l'avortement ou encore l'homosexualité, Joseph Ratzinger fut aussi critiqué pour ses positions sur l’œcuménisme. En 2000, il affirma la supériorité de l'Église catholique sur les autres Églises chrétiennes dans la déclaration Dominus Iesus, ce qui ne fût pas sans provoquer des reproches. 

Un pontificat "de transition"

Après la mort de Jean-Paul II, un nouveau conclave se réunit pour élire un pape le 18 avril 2005. Selon des indiscrétions publiées après coup, Joseph Ratzinger fit vite figure de favori, bien qu'un certain Jorge Bergoglio, le futur pape François, s'afficha comme un concurrent sérieux. Il fut néanmoins élu dès le lendemain. Il choisit le nom de Benoît, utilisé pour la dernière fois en 1854. 

Le pontificat de Benoît XVI s'inscrit dans la lignée de celui de son prédécesseur et de son mandat à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Sur le plan doctrinal, il fut souvent qualifié de conservateur. Il œuvra pour la réintégration de certains traditionalistes séparés de Rome depuis le concile Vatican II. Il apparaît moins charismatique que son prédécesseur Jean-Paul II. 

C'est au cours du pontificat que la question des abus sexuels dans l'Église éclata au grand jour, même si d