5 min de lecture

Nicolas Sarkozy en prison ? Ce qui est reproché à l'ex-président dans l'affaire du financement libyen

Le tribunal correctionnel de Paris dira ce jeudi 25 septembre si l'ex-chef de l'État a bénéficié de financements libyens, pour sa campagne présidentielle de 2007. Le parquet national financier avait requis en mars sept ans de prison, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité contre Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy accueillant l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi à l'Élysée, le 10 décembre 2007

Crédit : AFP / Archives, ERIC FEFERBERG

2 MINUTES POUR COMPRENDRE - Financement libyen de la campagne de 2007 : ce que risque Nicolas Sarkozy

00:02:14

JUSTICE - Financement libyen : l'avocat de Claude Guéant dénonce "une accusation qui ne tiendra pas"

00:02:51

Financement libyen : que reproche-t-on à Nicolas Sarkozy ?

00:16:29

Nicolas Barreiro & AFP

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Le dictateur libyen Mouammar Kadhafi a-t-il corrompu Nicolas Sarkozy en finançant son accession à la présidence de la République en 2007 ? Le tribunal correctionnel de Paris doit livrer sa réponse ce jeudi 25 septembre à cette accusation, qui laisse planer sur l'ex-chef de l'État la menace d'une peine de prison. L'ancien président, aujourd'hui âgé de 70 ans, comparait aux côtés de 11 autres prévenus, dont Ziad Takieddine, décédé deux jours avant le délibéré.

L'accusation reproche notamment à Nicolas Sarkozy d'avoir favorisé le retour sur la scène internationale de la Libye en échange d'argent qui aurait servi à financer sa campagne présidentielle en 2007. En cas de condamnation, un appel serait probable, tant ce dernier n'a eu de cesse de clamer son innocence depuis 2011. Ce recours repousserait vraisemblablement de plusieurs mois la menace de la prison. 

Pendant plus d'une décennie, Nicolas Sarkozy, contre qui le parquet a également requis 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité, a répondu aux accusations en criant à l'"infamie". Il n'a pas varié à l'audience. Il n'y a "aucune preuve", "rien", "pas un centime libyen", "pas le début d'un commencement de financement", a martelé Nicolas Sarkozy, lassé de se "justifier sur des preuves qui n'existent pas !".

En plus d'une décennie, de nombreux éléments se sont accumulés dans cette affaire, qui s'approche un peu plus de son dénouement ce jeudi.

Les premiers éléments qui font éclater l'affaire

À écouter aussi

Les suspicions débutent au printemps 2012. Des accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, lancées l'année précédente par le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, se précisent lorsque des documents compromettants sont dévoilés.

Publiés par Mediapart, ces documents révèlent que Tripoli aurait donné son accord pour un financement à hauteur de 50 millions d'euros, en 2006. Nicolas Sarkozy dépose alors une plainte contre le média d'investigation. Une enquête pour "fausse nouvelle" est lancée, celle-ci se soldera par un non-lieu. 

Le 3 mai 2012, Baghdadi al-Mahmoudi, le dernier chef du gouvernement sous Kadhafi, emprisonné en Tunisie, affirmait que la Libye avait bel et bien financé la campagne de Nicolas Sarkozy. Le même jour, un avocat français prétendant représenter al-Mahmoudi dément ces propos. 

Enfin, en décembre, un nouvel individu assure devant un juge détenir des preuves de ce financement libyen. Il s'agit de l'homme d'affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, poursuivi dans une autre affaire. Il faudra attendre six mois pour que le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X, le 19 avril 2013.

Des versements suspects venus de l'étranger

Un nouveau protagoniste se retrouve impliqué en avril 2013, lorsque le Canard enchaîné révèle le fruit d'une perquisition qui a eu lieu au domicile de Claude Guéant, l'ex-homme de confiance de Nicolas Sarkozy. Les enquêteurs y ont découvert un versement de 500.000 euros depuis l'étranger effectué sur son compte.

Il justifie cette recette par la vente d'un tableau de maître à un avocat malaisien. Un mois plus tard, L'Express dévoile qu'un autre virement suspect en provenance de Jordanie, de 25.000 euros, a été découvert le même jour. 

Le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy est finalement mis en examen le 7 mars 2015 pour faux et usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Concernant le virement de 500.000 euros, un homme d'affaires saoudien, Khalid Ali Bugshan, est également mis en examen. Ce dernier est soupçonné d'avoir joué un rôle dans le versement.

Un rebondissement inattendu intervient dans l'affaire quatre ans après le décès de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du Pétrole retrouvé mort noyé. Son carnet est transmis aux enquêteurs en septembre 2016. Il y est clairement mentionné trois versements à destination de Nicolas Sarkozy en 2007. Ceux-là s'élèvent à 6,5 millions d'euros.

Le 15 novembre 2016, Ziad Takieddine revient à la charge et affirme avoir personnellement remis 5 millions d'euros en liquide, provenant de Libye, en 2006 et 2007 à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. L'homme d'affaires sera condamné pour diffamation en février 2020, après avoir été mis en examen pour complicité de corruption et de trafic d'influence notamment en décembre 2016.

Autre mise en examen, pour Alexandre Djouhri cette fois-ci, en janvier 2018. L'homme d'affaires franco-algérien est arrêté à Londres, il est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire.

Pluie de mises en examen

Le 21 mars 2018, Nicolas Sarkozy est mis en examen une première fois pour "corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens". Il fait alors appel. Bachir Saleh, ex-argentier de Mouammar Kadhafi, évoque le 22 mai sur France 2 des versements occultes du régime libyen à Nicolas Sarkozy. 

Le 29 mai 2018, Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne, est mis en examen pour complicité de financement illégal. Claude Guéant est de nouveau mis en examen le 17 septembre, pour "corruption passive" notamment. Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, est mis en examen pour "association de malfaiteurs" le 31 janvier 2020. 

Le même jour, Alexandre Djouhri est mis en examen, notamment pour "corruption active", et placé en détention provisoire en France, où il a été extradé. Remis en liberté pour raisons médicales, il est assigné à résidence. 

Le 24 septembre 2020, la cour d'appel de Paris rejette les recours déposés par Nicolas Sarkozy et ses proches, validant ainsi l'enquête. Finalement, le lundi 12 octobre 2020, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour "association de malfaiteurs", à l'issue de quatre jours d'audition par les juges chargés de l'enquête. 

De lourdes réquisitions

Trois jours durant, du 25 au 27 mars 2025, le parquet national financier (PNF) déroule ses réquisitions. Nicolas Sarkozy est le "véritable décisionnaire, le véritable commanditaire" d'un pacte de corruption "inconcevable, inouï, indécent", pour le procureur financier Quentin Dandoy. Des actes qui justifient selon le PNF une peine de sept ans de prison, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité et d'interdiction d'exercer une fonction juridictionnelleNicolas Sarkozy s'insurge aussitôt contre "l'outrance de la peine réclamée", sa défense plaide la relaxe, fustigeant les "failles béantes" du raisonnement du ministère public. 

Trois anciens ministres étaient jugés aux côtés de l'ancien président. Trois ans d'emprisonnement et 150.000 euros ont  été requis contre Brice Hortefeux, dont le parquet a estimé qu'il avait aidé Nicolas Sarkozy à "nouer" un pacte de corruption avec le dictateur libyen. Six ans de prison et 100.000 euros d'amende requis contre Claude Guéant et un an de prison et 3.750 euros d'amende contre Eric Woerth.

La rédaction vous recommande

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

En Direct

/

Bienvenue sur RTL

Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur

Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.

Bienvenue sur RTL

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte