4 min de lecture

Mouammar Kadhafi : qui était ce chef d'État libyen mégalomane, devenu tyran et paria international ?

PODCAST - Mouammar Kadhafi a longtemps rêvé d’être le chef du monde arabe, mais il a surtout semé la mort. Pendant plus de 40 ans, le dictateur libyen a persécuté son peuple, financé la terreur internationale et réprimé dans le sang toute opposition.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi dans une tente dans la résidence de Kadhafi à Tripoli le 15 octobre 2004.

Crédit : JOHN MACDOUGALL / AFP

Kadhafi, le tyran libyen qui voulait régner sur le monde arabe

00:21:35

Saddam Hussein, le dictateur tout-puissant devenu l'homme à abattre

00:27:23

Jean-Bedel Bokassa, le dictateur de Centrafrique fasciné par Napoléon

00:22:44

Le dictateur libyen excentrique et mégalomane Mouammar Kadhafi a gouverné la Libye sans partage pendant plus de 40 ans. Il est arrivé au pouvoir à la fin des années 1960 grâce à un coup d’État, et s’est rapidement imposé comme un leader charismatique, défiant l’Occident.

Il a tenté d’unifier l’Afrique sous son influence, tout en instaurant un régime autoritaire où la répression et le financement du terrorisme international ont été monnaie courante. Il a été isolé sur la scène mondiale pendant des années, avant d’être finalement renversé et tué lors de la révolution libyenne de 2011.

Mouammar Kadhafi est né en 1942, près de Syrte, dans une famille de bédouins pauvres, nomades et illettrés. Il a été le premier de sa famille à faire des études. Il a fréquenté l’université, puis est entré à l’académie militaire de Benghazi. Là, avec d’autres jeunes officiers, il a formé un comité secret pour renverser la monarchie, en s’inspirant du modèle égyptien de Nasser.

L'ascension d'un dictateur

Une fois au pouvoir, Kadhafi a rapidement imposé sa marque. À l’âge de 27 ans, il a instauré un parti unique et a procédé à l’expulsion des troupes militaires occidentales présentes sur le sol libyen. Il a également renégocié les contrats pétroliers, augmentant considérablement les revenus de l’État. Malgré son discours anti-occidental, les États-Unis ont maintenu des relations avec lui, car Kadhafi s’est déclaré anticommuniste. En 1973, la crise pétrolière mondiale a renforcé sa position.

En parallèle, le dictateur, déjà très mégalomane, a fait tapisser toute la Libye d’immenses portraits à son effigie. Il s’est vu comme le successeur de Nasser, et donc comme le chef du monde arabe. Il a également écrit un texte politique, Le Livre vert, dans lequel il s’est présenté comme le défenseur numéro 1 des peuples opprimés et l’inspirateur d’une théorie de démocratie directe fondée sur le peuple et l’islam. Il a tenté d’unifier les pays arabes, puis africains, mais sans succès concret.

Attentats, paranoïa et viols

Mais derrière cette façade idéologique, son régime s’est caractérisé par la violence, la paranoïa et l’ingérence étrangère. Il a financé une trentaine de groupes terroristes qui ont commis des attentats sanglants, comme les Brigades rouges en Italie, l’Armée rouge en Allemagne, l’IRA en Irlande du Nord et l’ETA en Espagne. Il n’a jamais reconnu, ni livré les agents mis en cause.

En réponse, un embargo international a été imposé à la Libye. Le pays s’est retrouvé coupé du monde et ruiné. Kadhafi, esseulé, a vu sa paranoïa s’aggraver, déjà nourrie par de nombreuses tentatives d’assassinat. Cette peur constante a donné lieu à des vagues de répression brutales, comme lorsque 1.270 prisonniers politiques ont été exécutés en deux jours.

Kadhafi s’est aussi entouré d’un harem composé de jeunes femmes surnommées "les Amazones". Elles ont été habillées en soldates, présentées comme sa garde rapprochée. En réalité, elles ont été ses esclaves sexuelles : droguées, battues, violées par Kadhafi et ses fils, beaucoup ont été brisées psychologiquement et se sont suicidées.

Kadhafi plante sa tente à Paris

Après les attentats du 11 septembre 2001, Kadhafi a condamné fermement les attaques. Ce qui lui a permis de se rapprocher des États-Unis, avec qui il a partagé un ennemi commun : l’islamisme. En échange, les sanctions internationales ont été levées. Le dictateur a savouré son retour sur la scène internationale, apparaissant tantôt en bédouin, tantôt en uniforme militaire couvert de décorations.

En 2007, il a effectué une visite officielle à Paris, accueilli par le président Nicolas Sarkozy. Cette visite a suscité une vive polémique en France. Le guide libyen a planté sa tente traditionnelle dans les jardins de l’hôtel Marigny, près de l’Élysée. Il a profité de ce voyage d'affaire pour faire de nombreuses visites comme le Louvre ou le château de Versailles. Cependant, la plupart des contrats signés lors de ce voyage n’ont pas été honorés.

La révolte libyenne gronde

En 2011, dans le sillage du Printemps arabe, la Libye a été gagnée par un soulèvement populaire. La contestation s’est transformée en guerre civile. Les combats ont été acharnés entre les forces pro-Kadhafi, qui ont massacré la population et les rebelles. Le conflit a rapidement pris une dimension internationale. La Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité. Une opération militaire a été déclenchée sous l’égide de l’ONU pour le faire tomber.

En août 2011, les rebelles ont encerclé Tripoli. Kadhafi est devenu introuvable. Le 20 octobre, il a été capturé à Syrte, sa ville natale, alors qu’il tentait de fuir. Il a été frappé, puis exécuté ou tué dans des échanges de tirs. Les circonstances exactes de sa mort sont restées floues. Après huit mois de guerre civile qui ont fait plus de 300.000 victimes, Kadhafi est mort, laissant derrière lui une fortune estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars.

Abonnez-vous à ce podcast

Notre collection

Pol Pot, le tyran qui a assassiné près d'un quart de sa population au Cambodge