Nous sommes le 6 mai 2012, à Échirolles, en Isère. Ce matin-là, Malik Boutvillain sort faire son jogging, sans téléphone ni papiers, ni argent. Il a seulement emporté ses clés. Il ne reviendra pas. C’est le début d’un mystère long de plus d’une décennie. Une affaire où les hypothèses se heurtent à l’indifférence, où la justice semble avoir démissionné, et où une mère, deux sœurs et leur avocat refusent d’abandonner.
Malik Boutvillain est un géant au cœur tendre et aux cheveux sombres : 1.87m pour 90 kilos. Un homme costaud, qui, dans le passé, a déjà pratiqué la boxe thaï, mais profondément doux, altruiste et affectueux. Un "nounours", selon les mots de sa sœur Dalila. L’homme de 32 ans habitait depuis quelques semaines chez sa mère Badra, à Échirolles, et venait de se séparer de sa compagne, avec qui il vivait depuis huit ans en Ardèche.
Il avait beaucoup souffert de cette rupture, même s'il semblait aller mieux depuis quelques temps et formait des projets d'avenir. Il était redevenu "souriant", racontent ses proches. Le trentenaire, qui souffrait de schizophrénie, dont l'état s’était stabilisé, n’avait jamais fugué et n’avait aucune tendance suicidaire.
Malik, qui avait récemment repris goût à la vie, s’était remis au sport. Le trentenaire avait d’ailleurs pris l'habitude d’aller courir en forêt, non loin, au parc de la Frange Verte. Ce dimanche 6 mai 2012, il avait enfilé son survêtement noir et ses baskets blanches pour un jogging, avant d’aller voter pour le second tour de l’élection présidentielle. Il ne reviendra pas.
Quand Badra Boutvillain rentre chez elle au moment des faits, aucun signe de son fils. Employée à la mairie, elle était mobilisée pour le scrutin présidentiel. Malik lui avait promis de venir voter, mais il n’est jamais passé. Les proches vont longtemps tenter de le joindre, sans succès. Tous les documents personnels de Malik sont encore présents. Aucun témoin n'a vu Malik.
À 20h, Dalila Boutvillain signale la disparition de son frère Malik au commissariat. La réponse des policiers est dure à encaisser pour la famille Boutvillain. Il leur est demandé d'"attendre 48 heures", une période longue dès les premières heures de la disparition de Malik. La famille va donc mener sa propre enquête.
Hôpitaux, morgues, cliniques, bois, parkings, souterrains… Plusieurs séries de recherches sont organisées les jours suivants la disparition de Malik Boutvillain, et aucune recherche n'est concluante. Six mois plus tard un espoir vient enfin : une personne aurait vu Malik à Barcelone. La famille du disparu se rend en Espagne, mais il s'agit d'une nouvelle fausse piste. En 2015, le dossier est classé, sans que la famille n'en ait été prévenue.
En 2018, la police judiciaire de Grenoble rouvre l'affaire, sous la pression médiatique. Les autorités évoquent un temps un lien possible avec Nordahl Lelandais, l'hypothèse est vite écartée. En 2022, la juge d'instruction affirme, que, 10 ans après la disparition de Malik, il n'y a plus rien à faire. Pour Badra et Dalila, hors de question de baisser les bras. Le dossier reste aujourd'hui ouvert.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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