Xavier Dupont de Ligonnès : qui se cache derrière l'homme le plus recherché de France ?

Nous sommes le 21 avril 2011. Au 55 boulevard Robert-Schuman, à Nantes (Loire-Atlantique), les policiers fouillent une maison cossue depuis deux jours. La famille qui vit ici s’est volatilisée. La découverte est glaçante : cinq corps sont enterrés sous la terrasse. Il s'agit des corps d'une mère et de ses quatre enfants. Xavier Dupont de Ligonnès, le père de 50 ans, fait figure de grand absent.

C'est un homme sans casier judiciaire, sans histoires. Il naît en 1961 à Versailles (Yvelines), dans un milieu traditionnel. Son père, Bernard Hubert, est un aristocrate et descendant d’une vieille famille de la noblesse française. Un aventurier fantasque et séducteur qui déserte le foyer familial lorsque Xavier est âgé de 10 ans. Sa mère, Geneviève, est une mystique, persuadée de recevoir des messages de Dieu.

Cette dernière fondera même un petit groupe religieux : l’Église de Philadelphie, à laquelle adhérera, pour un temps, son fils. Xavier grandit dans un foyer singulier, où se croisent rigueur morale et messianisme délirant. Très vite, naît chez lui l’idée qu’il est à part et né pour accomplir une mission. Selon les prédications de sa mère, "il survivra à l’Apocalypse".

L'intime conviction d'être "l'élu"

Au lycée, c’est un élève médiocre. Il s’inscrit plus tard dans une école de commerce, avant de partir sillonner l’Europe, le sud de la France, et les États-Unis. C’est en Amérique qu’il se forge un mythe personnel : celui d’un homme libre, conquérant, promis à une réussite "hors normes".

Xavier Dupont de Ligonnès revient en France avec des ambitions floues et renoue avec un amour de jeunesse : Agnès, qui a déjà un petit garçon, Arthur. Les deux se marient en 1991, et trois autres enfants naissent de cette union : Thomas, Anne et Benoît. 

Quatre ans plus tard, en 1995, Xavier perd sa foi en Dieu. Cette même année, l'homme se retrouve dans un château de Bretagne, accompagné de sa mère et d'une poignée de ses fidèles illuminés. Ils y attendent l'Apocalypse... qui ne vient pas. Dupont de Ligonnès écrit : “Perdre la foi est la pire des désillusions, la pire qu'un homme peut vivre ici-bas”. 

La suite de sa vie est marquée par de nombreuses tentatives professionnelles avortées. Pour gagner sa vie, Xavier se veut entrepreneur et se lance dans des affaires hasardeuses. À la suite de l’explosion d’Internet, il crée des dizaines de sites web, persuadé que la fortune ne va pas tarder.

Un homme en chute libre

En 2003, il crée ainsi “la Route des commerciaux”, un annuaire d'établissements hôteliers pour VRP sur Internet. Derrière, les revenus ne suivent pas, les dettes s’accumulent, et les créanciers menacent. Peu à peu, son masque se fissure. Derrière le croyant se cache un homme en chute libre, qui vit sous perfusion financière. L'homme ment à ses amis, pioche dans les comptes familiaux, et sollicite des prêts qu'il ne rembourse jamais.

Il est au bord de la faillite personnelle et morale. Ses enfants grandissent, ses projets s'effondrent, son couple se délabre. En 2011, la situation devient critique, les avis des huissiers s'enchaînent. L'image que renvoie ce père modèle, bon paroissien, et chef de famille menace de s'écrouler. Au même moment, Xavier commence à envisager le pire : fomenter un plan macabre.

Selon les experts, entre le 3 et 5 avril 2011, Arthur, Thomas Anne et Benoît sont tués dans leur sommeil, un par un, par arme à feu, après avoir été drogués. Xavier Dupont de Ligonnès, qui reste présumé innocent, fait l'objet d'une culpabilité importante aux yeux des enquêteurs.


La dernière trace de Xavier Dupont de Ligonnès remonte au 15 avril 2011. Il est filmé pour la dernière fois à Roquebrune-sur-Argens (Var). Sa voiture est retrouvée sur un parking. Est-il mort ? Vivant ? Vit-il caché ? S'est-il suicidé ? Ces questions restent en suspens. Selon le psychiatre Daniel Zagury, qui a publié le livre L'Énigme publique n°1 (2025, éditions du Seuil), le principal suspect, qui n'est ni monstre, ni un psychopathe, s'est donné la mort.

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