"J’étais tellement déçue par la justice" : Dalila Boutvillain raconte les épreuves affrontées pour tenter de retrouver son frère disparu

Treize ans ont passé depuis le 6 mai 2012, date à laquelle Malik Boutvillain, 32 ans, a été vu pour la dernière fois. En ce jour du deuxième tour de l'élection présidentielle, l'homme costaud d'1.87m part faire un jogging, sans emporter de téléphone, de papiers d'identité ni d'argent. Une habitude qu'il a gardée.

Après plusieurs heures sans nouvelles de Malik, ses proches signalent dès le 6 mai au soir la disparition du trentenaire aux policiers. Très vite, la famille Boutvillain, représentée par la fille aînée Dalila, sera contrainte de mener sa propre enquête. Pendant deux jours, des recherches sont organisées dans les bois afin de savoir ce qui a pu arriver à Malik Boutvillain.

"On essaye d'élargir, au maximum, nos recherches, et au final, ça ne donne rien", explique Dalila Boutvillain pour Les Voix du crime. Deux jours plus tard, cette dernière est reçue par un officier de police. Aucune enquête pour retrouver Malik n'est lancée. La famille Boutvillain choisit alors de lancer sa propre enquête de voisinage, en vain.

Mon frère est porté disparu et personne ne fait rien.

Dalila, soeur de Malik Boutvillain

Aucun signe de Malik Boutvillain n'est retrouvé. Les enquêteurs, eux, ne croient pas en une disparition inquiétante et ne mettent aucun moyen disposition. "Il y a un truc que je ne digérerai jamais, je ne comprendrai jamais, c'est : pourquoi dans un quartier, vous êtes capable d'envoyer trois chiens pour aller chercher un bout de drogue et pour un être humain, vous n'êtes pas capable d'avoir mis un chien", regrette Dalila Boutvillain.

L'office national des forêts, les voies navigables de France, un détective privé pour fouiller l'ordinateur du disparu, et d'autres recherches : dans les parcs à proximité, et aussi à Barcelone (Espagne)… La famille Boutvillain tente par tous les moyens de retrouver Malik, sans jamais y parvenir. "Je fais mes recherches, que ça plaise ou pas, mais au moins, ça aura alerté sur le fait que mon frère est porté disparu et que personne ne fait rien", affirme Dalila Boutvillain.

En 2017, une affaire va tout relancer : celle de la petite Maëlys de Araujo, tuée par Nordahl Lelandais en Isère. À la même période, Dalila fait la rencontre de Me Bernard Boulloud, l'avocat de la famille de Nicolas Suppo, un autre disparu de l'Isère. Une bouffée d'air frais pour la famille. "Dans mon malheur, j'ai fait une belle rencontre : mon avocat", explique Dalila Boutvillain.

J'étais tellement déçue par la justice

Dalila, soeur de Malik Boutvillain

Pour autant, la piste Nordahl Lelandais ne donne rien. La cellule Ariane, créée pour l'occasion, ne livre aucune donnée. "J'étais tellement déçue par la justice que, moi, il me fallait du concret pour avoir de l'espoir. Et là, en fait, c'était que du vent. Le temps passait et concrètement, il n'y avait rien qui se faisait", précise Dalila Boutvillain. "On n'était pas tenu au courant, alors que lorsqu'il y a une information judiciaire qui est ouverte, les familles doivent être convoquées par le juge d'instruction tous les quatre mois". 

Quatre ans après l'arrêt des travaux de la cellule Ariane en 2021, une enquête est toujours en cours. "Je sais qu'il est décédé Malik, estime Dalila Boutvillain. Ce n'est pas possible qu'il nous laisse comme ça depuis toutes ces années (...). La pire torture dans une vie, tous les jours, c'est de se dire : 'Où est-il ? Il lui est arrivé quoi ? Qui lui a fait quoi ? C'est non-stop'". Elle garde espoir de le retrouver un jour et lui donner une sépulture.

 >> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.

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