1. Accueil
  2. Actu
  3. International
  4. Assaut au Brésil : "C’est une manifestation qui avait été prévue", assure une historienne
3 min de lecture

Assaut au Brésil : "C’est une manifestation qui avait été prévue", assure une historienne

Maud Chirio, spécialiste de l’histoire de l’armée brésilienne revient sur le rôle des forces de l'ordre dans l'attaque des trois lieux de pouvoir à Brasilia par les pro-Bolsonaro.

Des centaines de supporters de Bolsonaro ont envahi des lieux de pouvoirs brésiliens
Des centaines de supporters de Bolsonaro ont envahi des lieux de pouvoirs brésiliens
Crédit : Sergio Lima / AFP
L'INTÉGRALE - Brésil : un putsch avorté ?
00:41:29
LE CHOIX DE FLAVIE - Au Brésil, la police est-elle loyale ?
00:01:45
Flavie Flament & Keltoum Lehbab

Ce mardi 10 janvier dans Jour J, Maud Chirio, Maître de Conférences, spécialiste de l’histoire de l’armée et de l’extrême droite brésilienne décrypte l’actualité de ces dernières 48h au Brésil.

Une semaine après l’investiture de Lula des centaines de partisans de Jair Bolsonaro, avec le drapeau national sur les épaules ou le maillot de la Seleçao – l’une des tenues préférées de l’ancien président d’extrême droite – fondent sur les lieux du pouvoir et les vandalisent… Une vague agressive, incontrôlable, inquiétante, jaune, bleu et verte qui emporte et saccage tout sur son passage… Des cordons de sécurité, des portes, des bureaux, des œuvres d’art…

Des images ahurissantes qui ne sont pas sans rappeler l’assaut du Capitole il y a deux ans aux États-Unis. Alors doit-on s’inquiéter ? Nos démocraties, sont-elles fragilisées ?

C’est une manifestation qui avait été prévue, annoncée, déclarée

Maud Chirio

Pour répondre à ces questions, Maud Chirio, revient sur la relation instable qu'a l’armée avec le parti du président Luiz Inácio Lula da Silva. Si à première vue, les manifestations donnent l’impression d’avoir dégénéré, la spécialiste du pays nous explique le contraire.

À lire aussi

"C’est une manifestation qui avait été prévue, annoncée, déclarée. Il y avait quelques forces de police qui encadrait. Il y avait plusieurs campements dans toute la ville, des milliers de manifestants qui étaient venus de tout le Brésil, mais ce n’est pas vraiment une manifestation qui a dégénéré, parce qu’il y avait trop de force de police et militaire complice pour qu’on puisse la définir ainsi", soutient Maud Chirio. 

De mèches avec les manifestants, un certain nombre d’officiers ne cachaient pas leurs soutiens à l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro. "Il y avait des bataillons de police et d’armées, sous chacun des bâtiments, sous le Congrès, sous la Cour suprême, et sous le Palais de l’exécutif, qui ne sont pas montés (dans les locaux, ndlr) alors que les vitres étaient cassées, et que des centaines de personnes rentraient, donc ça, c’est quelque chose qui a été organisé, pensé, prévu, pour que ça puisse donner les conséquences que ça a eu", décrit la Maître de conférence et spécialiste de l'histoire du Brésil dans Jour J.

L’exécutif n’avait pas anticipé l’ampleur des dégâts

Maud Chirio

Si le gouvernement et une partie de la population déploraient le temps de réaction des forces de l’ordre, c’est tout simplement qu’ils refusaient pour certains d’intervenir. "Ce n’est même pas le temps de réaction, il y a des forces de l’ordre qui n’ont pas du tout réagi, la garde présidentielle n’est jamais montée, et par ailleurs, il y avait des dizaines et des dizaines de militaires, et de policiers parmi les manifestants, en uniforme", déclare-t-elle.

Pendant ce temps, le président brésilien Lula, tout fraîchement au pouvoir, était dans l’État de São Paulo, parti avant les émeutes, sans qu’on puisse exactement établir les raisons de son départ. "On ne sait pas s’il est parti pour fuir une période un peu chaude dans la capitale ou parce qu’il avait beaucoup d’activité. Il est en tout début de mandat, donc probablement un peu les deux, mais ce qui est certains, c’est que l’exécutif n’avait pas anticipé l’ampleur des dégâts, des débordements et des violences", conclut Maud Chirio dans Jour J.

Jour J, c'est l'émission des grands entretiens d'actualité internationale, culturelle, économique et politique. Chaque jour sur RTL de 20h à 21h et en podcast, Flavie Flament reçoit un acteur de l'actualité et revient avec lui sur une date fondamentale de sa vie.

La rédaction vous recommande
À écouter aussi