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Fêtes de fin d'année : quand les huîtres s'écrivaient sans H

"Pourquoi la lettre H est-elle muette ?", nous demande Sandrine. Réponse de Muriel Gilbert avec un exemple de saison : l'huître !

Un homme mange une huître (illustration)
Un homme mange une huître (illustration)
Crédit : JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Fêtes de fin d'année : quand les huîtres s'écrivaient sans H
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Muriel Gilbert - édité par Paul Turban
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Aujourd’hui, amis des mots, après en avoir mangé, et peut-être avant d’en remanger la semaine prochaine, nous allons parler d’huîtres… Et j'en profite pour répondre à Sandrine, à qui l’un de ses petits élèves de CP a posé une question à laquelle elle a "été bien incapable de répondre" : "Pourquoi la lettre H est-elle muette ?"

Nous avons déjà parlé du H, mais on n’en a jamais fini avec cette lettre que l'on croit silencieuse, et qui ne l'est pas tant que ça puisque rappelons, par exemple, que sans H le chat serait "cat", l’éléphant, "élépant", et que "cet ahuri de chat qui a léché la bûche au chocolat" deviendrait "cet auri de cat qui a lécé la buce au cocolat". En somme, sans H, CQFD, on n’y comprend plus grand-chose…

Rappelons aussi que, quand le H est en début de mot, on distingue ce qu'on appelle "h muet" et "h aspiré". Le premier s'appelle "muet" parce que c’est comme s'il n’était pas là : il permet l'élision et la liaison avec le mot qui précède – l'huître/les huîtres, l'homme, les hommes.

En revanche, le "h aspiré", s'il ne s'entend pas davantage que son frère muet, se comporte comme les autres consonnes, c'est-à-dire qu’il ne permet ni élision ni liaison (on mange du homard, pas de l’homard, et si on a de la chance, des sous et beaucoup d'appétit; on mange des homards, jamais des Zhomards).

Des H allemands, et des H latins

À écouter aussi

Reste qu’il est étrange qu’il existe en français une lettre qui s’entende aussi peu… Alors, d'où viennent donc les H du français ? Ils ont deux origines principales. Les H aspirés sont arrivés dans notre langue avec les mots d’origine germanique, comme la harpe, le haricot, le houx ou la hache (et non l’harpe, l’haricot, l’houx et l’hache). Les H muets, en revanche, se trouvent au début des mots d’origine latine… mais souvent leur entrée à eux dans notre orthographe ne s’est pas faite de manière ultranaturelle…

Voyez : le latin herba a donné herbe en français contemporain, mais le mot s'écrivait erbe, sans H à l’origine. C’est au cours du Moyen Age que l’on a décidé d’ajouter artificiellement ce H, pour rappeler l’étymologie latine du mot. Mais ce H, on l’a ajouté à l’écrit, il ne s’est pas prononcé pour autant. C’est pourquoi il est muet. La même chose s’est produite pour l’hôtel ou l’hôpital, par exemple, a qui l’on a ajouté un H initial à l’époque médiévale pour montrer qu’ils descendent de l’hospitale latin.

Pour que l'huître ne soit pas une vitre

Et pour le H de l’huître, alors ? C’est encore un autre cas. Le mot huître vient de l’ostrea latin, qui commence par un O, sans H initial. D’ailleurs l’ostréiculteur, celui qui produit les huîtres, ne prend pas de H.

Alors pourquoi en a-t-on ajouté un ? Alors là, il faut que je v