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Pénurie de carburants et grèves : comment Macron se prépare à faire face à une semaine de gronde sociale

DÉCRYPTAGE - Après la marche de la Nupes organisée le 16 octobre, une journée de mobilisation et de grève est prévue par la CGT le 18 octobre.

Annie Ernaux et Jean-Luc Mélenchon, en tête du cortège de la marche contre la vie chère et l'inaction climatique, à Paris le 16 octobre 2022
Annie Ernaux et Jean-Luc Mélenchon, en tête du cortège de la marche contre la vie chère et l'inaction climatique, à Paris le 16 octobre 2022
Crédit : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Marie-Pierre Haddad

Il y a encore quelques semaines, les plus grosses préoccupations du gouvernement concernaient l'évolution de la guerre en Ukraine, le budget 2023 et la possibilité d'un recours à l'article 49.3. Désormais, l'exécutif doit concentrer son attention sur le sujet des carburants.

La grève se poursuit dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies. Invité du Journal télévisé de TF1, Elisabeth Borne a indiqué qu'environ 30% des stations-service du pays étaient considérée "en difficulté", dimanche 16 octobre. La première ministre a une nouvelle fois appelé les salariés en grève à la responsabilité. Elle a aussi indiqué qu'elle envisagait des "réquisitions" en cas de "situations très tendues".

TotalEnergies a signé un accord sur des augmentations salariales dans la nuit de jeudi à vendredi avec deux syndicats majoritaires, la CFDT et la CFE-CGC. L'accord prévoit une "enveloppe" globale de hausse des salaires de 7%, dont 5% d'augmentation générale plus une part individuelle qui pourra différer selon les personnes. La CGT continue elle à réclamer 10% correspondant à "l'inflation plus le partage" des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière. 

Journée de grève le 18 octobre

Avec les grèves dans les raffineries, c'est une vague de contestations qui pourrait se réveiller cette semaine. La CGT a annoncé, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse, d'organiser une journée de "mobilisation et grève" interprofessionnelle le mardi 18 octobre. Une réponse directe aux réquisitions du gouvernement dans les raffineries

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Ainsi, cette mobilisation sera centrée sur "l'augmentation des salaires et la défense du droit de grève". Elle concernera "les raffineries, l'agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l'énergie et le nucléaire, (...) l'éducation, la santé, le commerce...", a énuméré la secrétaire confédérale de la CGT Catherine Perret. 

Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Un bras de fer s'est engagé entre la CGT et le gouvernement. "Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres", a accusé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur BFMTV. De son côté, Emmanuel Macron a indiqué sur France 2 : "Que la CGT permette au pays de fonctionner".

Une escalade dans la provocation rapide et qui a dépassé certains au sein de l'exécutif. "On était tous focalisés sur le plan de sobriété, résultats on n'a rien vu venir", a reconnu un ministre. Le weekend dernier, Emmanuel Macron a partagé en petit comité son agacement contre les lenteurs de son gouvernement. 

Vers une "grande conjonction" ?

Chez EDF, aussi le mouvement social se poursuit. L'entreprise a repoussé le redémarrage de cinq réacteurs nucléaires. Les mouvements sociaux peuvent "avoir un impact sur le planning de retour en production de certains réacteurs", a indiqué une porte-parole du groupe à l'AFP. "Pour les réacteurs en production, cela peut se traduire par des baisses de puissance temporaire", a-t-elle ajouté. EDF a identifié des mouvements sociaux sur six sites mais la CGT en dénombrait neuf (Belleville, Bugey, Cattenom, Cruas, Dampierre, Gravelines, Paluel, Saint-Alban et Tricastin).
À cela est venue s'ajouter la marche contre la vie chère et l'inaction climatique de la Nupes. Selon les organisateurs, le rassemblement à Paris a réuni quelque 140.000 personnes. Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu'il s'agissait d'un "nouveau Front populaire". "Vous allez vivre une semaine comme on n'en voit pas souvent, c'est la grande conjonction, c'est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès", a assuré le chef de file de la France insoumise. 

Vous aurez la conjonction de la mobilisation populaire, de la mobilisation syndicale et de la crise institutionnelle

Jean-Luc Mélenchon

Et d'ajouter : "Vous aurez la conjonction de la mobilisation populaire, de la mobilisation syndicale et de la crise institutionnelle (...) Aujourd'hui est le jour un, c'est la marche populaire, le jour deux va être le 49.3 et le jour 3 ce sera la grève générale, le 18 (mardi)", a-t-il ajouté. 

Une phrase qui n'est pas passée inaperçue à Matignon. Elisabeth Borne a répondu au chef de la France insoumise. "On sera sans doute amené à utiliser le 49.3, mais ce ne sera pas demain, comme le dit Jean-Luc Mélenchon", a-t-elle indiqué.

Remise sur le carburant et aide aux ménages

Afin de répondre aux inquiétudes des Français sur le pouvoir d'achat, Elisabeth Borne a aussi annoncé le maintien de la remise de 30 centimes sur le prix des carburants. Initialement, cette aide devait prendre fin au 1er novembre mais elle sera prolongée "jusqu'à mi-novembre". La cheffe du gouvernement a aussi précisé que Total allait aussi prolonger sa "ristourne de 20 centimes".

Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a annoncé que le bonus écologique sera porté de 6.000 à 7.000 euros pour les ménages les plus modestes achetant une voiture électrique, dans un entretien aux Echos. Il a aussi précisé que le bouclier tarifaire sera étendu aux bornes de voitures électriques.

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