Normalement, il n’y a pas plus informé qu’un décideur, qu’un Président, qu’un homme ou une femme politique, qu’un candidat ! Ils ont des capteurs partout, des conseillers qui les abreuvent de notes, de rapports. Mais, il n’y a pas plus puissant qu’un film un livre ou même d’un morceau de rap pour qu’ils reprennent un shoot de réel, de vraie vie.
Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de politiques qui l’automne dernier m’ont parlé du film Bac Nord. Un film qui raconte avec une caméra et un scénario ultra-efficace l’histoire de policiers qui dérapent à Marseille. Des ministres, des conseillers, des candidats le citent comme une référence pour parler de ces quartiers minés par la délinquance et les trafics. C’est comme avec Les Misérables, ce film sorti en 2019, qui montrait comment les trafics, la religion, et la police structurent à eux trois la vie des banlieues les plus dures.
Et ce, pas seulement parce que ce sont des films spectaculaires ! Un roman aussi a marqué beaucoup de politiques. C’est Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, un roman sorti à la rentrée 2018. Il décrit le terreau des "gilets jaunes". À travers ce livre, la majorité présidentielle avait trouvé une explication à ce qu’elle n’avait pas vu venir. Ils ont alors compris qu’il y a des territoires et des milieux où la méritocratie tant vantée par La République En Marche n’existe pas.
Ces œuvres sont vampirisées par les politiques. Emmanuel Macron ne se cache pas d’avoir capté dans la littérature une part de la vraie vie. D’y avoir saisi notamment son sens du tragique. En ce moment, l’un de ses conseillers lui fait passer des extraits du dernier roman de Michel Houellebecq, tellement talentueux pour décrire "nos passions tristes", comme le dit souvent Emmanuel Macron. Le chef de l’état apprécie aussi le rappeur Orelsan. "C’est quand même quelqu’un qui dépeint la société comme un sociologue", avait-il dit selon le journal Libération. Avant que le chanteur ne rejette la récupération un peu trop explicite.
Les écolos, eux, citent à la moindre occasion en ce moment le film Don’t Look Up. Un film sur le déni face à la catastrophe. Une parabole réussie sur le refus de passer à l’action face au réchauffement climatique.
La fiction est aujourd’hui bien plus efficace que n’importe quel discours politique. La fiction décrit mieux le réel que la parole politique. Les candidats tentent d’exploiter ces émotions créées par ces auteurs. Une émotion qu’ils n’arrivent pas à provoquer chez les électeurs. On dit souvent que le politique qui capte l’époque, le sentiment profond du pays, gagne l’élection. En 2022, après de multiples crises, notre campagne présidentielle le montre bien : personne n’a vraiment capté l’époque.
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