Un cold case et près de 40 ans de mystère. Le 29 mars 1988 à Paris, peu avant 10 heures, une femme noire est mystérieusement assassinée devant les bureaux de l'ANC (Congrès National Africain), le parti de Nelson Mandela. Son nom : Dulcie September, 52 ans. La quinquagénaire enquêtait sur les relations diplomatiques entre la France et l'Afrique du Sud, notamment sur les violations commises par l'Hexagone au sujet de l'embargo des armes imposé par l'ONU.
Depuis 37 ans, Jacqueline Dérens, 83 ans, son amie de longue date, qui tente de découvrir la véritable identité de l'assassin, a une intime conviction. "La chose qui nous paraît étrange, a posteriori, c'est que c'est une affaire d'État. C'est un crime d'État. Ce n'est pas un crime de droit commun", soutient la professeure d'anglais retraitée, dans Les Voix du crime.
En 1992, quatre ans après les faits, la justice française a ordonné un non-lieu, faute de suspects clairs identifiés. Une décision difficile a digérer. "De tous les juristes que j'ai consultés, ils me disent : 'c'est impossible de faire une instruction sur un crime d'État d'une personnalité étrangère qui est tuée sur notre sol, de boucler l'affaire en quatre ans, c'est humainement impossible", ajoute Jacqueline Dérens.
La France ne peut pas se laver les mains d'un crime qui a été commis sur son sol.
Jacqueline Dérens, amie de Dulcie September
Les années passent, aucune recherche ni enquête n'est concluante. "Crime passionnel", règlement de compte... Plusieurs pistes sont envisagées, et des mercenaires français, un temps suspectés d'avoir joué un rôle dans l'affaire, ne sont pas interrogés par les enquêteurs. Avec l'aide de l'avocat de la famille, Me Yves Laurin, les proches de Dulcie September et Jacqueline Dérens décident d'assigner l'État français en justice.
Pendant plus de dix ans, de nouvelles procédures et audiences ont lieu, mais rien n'est fait, il est impossible de mettre la main sur l'assassin de la quinquagénaire et l'État refuse de reconnaître sa responsabilité. "La justice s'obstine à ne pas vouloir comprendre que Dulcie September, c'était une femme politique qui représentait un mouvement de libération (...). La France ne peut pas se laver les mains d'un crime qui a été commis sur son sol", affirme Jacqueline Dérens.
L'octogénaire le répète : l'État français a joué un rôle dans ce crime non élucidé, ou tout du moins ne pouvait pas ne rien savoir. Le 10 juin 2025, l'affaire September a connu un dernier rebondissement : la justice française, qui refuse toujours de reconnaître la responsabilité de l'État dans l'affaire, a débouté les proches de Dulcie September d'une plainte contre X pour "déni de justice" et "faute lourde".
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.
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