"Ça a été quelque chose d’énorme" : les obsèques de la militante anti-apartheid Dulcie September racontés par une de ses amies

L'assassinat d'une militante qui en savait un peu trop. Il est bientôt 10 heures le 29 mars 1988, au 28 rue des Petites-Écuries, dans le Xe arrondissement de Paris, lorsque Dulcie September est retrouvée morte, après avoir été exécutée de cinq balles dans la tête. La militante anti-apartheid enquêtait sur les relations diplomatiques entre la France et l'Afrique du Sud et les violations de l'embargo des armes imposé par l'ONU au régime de Prétoria.

Dulcie n'était présente sur la capitale que depuis quatre ans, après avoir rejoint le parti politique de l'ANC (African National Congress - Congrès National Africain) en Angleterre, en 1976. Sa mort est "un choc terrible", se rappelle son amie Jacqueline Dérens dans Les Voix du crime. Les obsèques de Dulcie September sont commémorés dans les jours suivants, le 9 avril 1988, au cimetière du Père-Lachaise (XXe arrondissement de Paris).

Un évènement marquant, organisé entre autres, par le communiste Georges Marchais, et où plusieurs milliers de parisiens sont rassemblés. Le noir, le vert et le jaune - couleurs de l'ANC - sont fièrement représentées sur le cercueil de la victime. Jacqueline Dérens se souvient d'un événement "historique".

Ça a été quelque chose d'énorme dans la mesure où il y avait des représentants politiques, ce qui était normal, mais surtout, c'était la foule

Jacqueline Dérens, amie de Dulcie September

"Ça a été quelque chose d'énorme dans la mesure où il y avait des représentants politiques, ce qui était normal, mais surtout, c'était la foule", se souvient Jacqueline Dérens. Les médias, dont RTL, parlent de 5.000 personnes présentes. Un nombre sous-estimé selon les observations de Jacqueline Dérens qui compte plutôt de "10 à 15.000 personnes". 

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"Comme Dulcie répondait à toutes les demandes, quand on lui demandait de faire un débat sur l'apartheid, etc., elle y allait, explique-t-elle. Donc elle a beaucoup parcouru la France (...) Je pense qu'il n'y avait pas que des Parisiens. Il y avait des Français, tout simplement. Des Français qui étaient abominablement choqués par le fait qu'en France, on puisse tuer une femme pour ses idées politiques."

L'occasion pour les organisations militantes combattant l'Apartheid de transmettre un message politique. "Le régime de Pretoria fait régner la terreur sur des millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Il multiplie les arrestations massives, les tortures, les pendaisons et les assassinats", dénonce ainsi Georges Marchais dans son discours d'hommage au combat de Dulcie September. Deux ans après, en 1990, Nelson Mandela sera libéré et les négociations de fin de l'Apartheid se concrétiseront. Aujourd'hui l'assassinat de Dulcie September reste non-élucidé malgré les tentatives de réouverture de l'enquête par ses proches.

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