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Jacqueline Dérens (gauche), Charles Jousselin, Barbara Masekela, et Tony Dreyfus, devant la nouvelle "Place Dulcie September", le 29 mars 1988, à Paris.
Crédit : ERIC CABANIS / AFP
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Le 10 juin 2025, justice française déboute la famille de Dulcie September, militante anti-apartheid mystérieusement assassinée de cinq balles dans la tête le 29 mars 1988, au quatrième étage du 28 rue, des petites Écuries (Xe arrondissement de Paris), devant les bureaux de l'ANC (Congrès National Africain). Les proches de la victime avaient déposé plainte contre X pour "déni de justice" et "fautes lourdes".
La militante sud-africaine enquêtait sur les violations de l'embargo imposé à la France par l'ONU sur la vente d'armes à l'Afrique du Sud, en sanction de sa politique d'apartheid. La procédure était l'ultime chance pour les proches de la victime de démasquer les responsables du crime, et faire reconnaître la responsabilité de l'État français dans cette affaire non élucidée.
Jacqueline Dérens, amie, biographe et traductrice de Dulcie September, dénonce un "crime d'État". Depuis près de 40 ans, elle se bat pour découvrir la vérité sur l'identité de(s) responsable(s) lié(s) à cet assassinat. En 1992, après quatre ans d'enquête judiciaire, la justice française avait ordonné un non-lieu, faute de suspects clairs identifiés. Elle raconte les nouvelles étapes de la procédure. "Il faudra bien qu'un jour, on sache la vérité", estime-t-elle dans Les Voix du crime.
On s'est dit qu'il faut qu'on relance cette affaire. On a décidé d'ouvrir une nouvelle procédure judiciaire en demandant des comptes à l'État.
Jacqueline Dérens, amie de Dulcie September
En 2014, Jacqueline Dérens, en voyage avec des amis en Afrique du Sud, décide de lancer un projet de pièce de théâtre autour de Dulcie September. Jacqueline prend contact avec Michael, un des neveux de la militante. Ce dernier est lui-même en contact avec l'actrice sud-africaine Denise Newman, qui jouera le rôle de Dulcie September. "La pièce a eu beaucoup de succès, a remporté des prix", se réjouit Jacqueline Dérens.
En 2018, la pièce est jouée à Arcueil (Val-de-Marne), la ville où a longtemps vécu Dulcie September durant son séjour en France. Cette pièce, va déclencher une nouvelle procédure judiciaire, et de nouvelles recherches. La même année, Jacqueline Dérens rencontre Enver Samuel, réalisateur du documentaire Murder in Paris (2022) dans la capitale.
"Avec Me Laurin, l'avocat de la famille, on s'est dit qu'il faut qu'on relance cette affaire. On a décidé d'ouvrir une nouvelle procédure judiciaire en demandant des comptes à l'État", confie Jacqueline Dérens, qui dévoile les arguments pour lesquels les proches ont relancé la procédure. "Ce que l'on plaide, c'est qu'il y a eu faute de la justice, dans la mesure où on estime que l'instruction a été bâclée, qu'on n'a pas cherché à savoir le fin mot de l'affaire", ajoute-t-elle.
Nous, ce qu'on demande à la justice française, c'est de collaborer avec la justice sud-africaine. Il n'y a que comme ça qu'on arrivera à s'en sortir
Jacqueline Dérens, amie de Dulcie September
En novembre 2022, les "Hawks", l'unité de police sud-africaine, chargée de combattre la corruption et le crime organisé, ouvre une enquête sur l'assassinat de Dulcie September. Interrogée par deux officiers de police dans une chambre d'hôtel en Afrique du Sud, Jacqueline Dérens témoigne du jour où son amie a été assassinée. Dans "Les Voix du crime", elle poursuit.
"Nous, ce qu'on demande à la justice française, c'est de collaborer avec la justice sud-africaine. Il n'y a que comme ça qu'on arrivera à s'en sortir", soutient l'ex-professeure d'anglais. L'État assigné en justice par les proches de la victime, de nombreuses audiences, opposent ces derniers à la justice française de 2014 à 2025.
En décembre 2022, le tribunal judiciaire de Paris rejette la demande de réouverture de l'enquête, invoquant la prescription et l'absence de recours de la famille trente ans plus tôt, en 1992. Les proches de Dulcie September font appel. Le 10 juin 2025, ils sont définitivement déboutés.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.
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