Il aurait 40 ans. Grégory Villemin a été retrouvé, il y a 36 ans jour pour jour, mort dans la Vologne le 16 octobre 1984 à Lépanges, dans les Vosges. Une photographie du repêchage de la dépouille, pieds et poings liés, un bonnet de laine rabattu sur le visage, a marqué les esprits. Il y a 36 ans jour pour jour naissait ainsi "l'affaire Grégory" qui fascine, jusqu'à nos jours, de nombreux Français.
Le premier élément qui a donné naissance à l'affaire, c'est bien sûr l'horreur du drame, qu'incarne cette photographie qui fixe pour toujours dans un sourire le visage de la petite victime. Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, joue dehors. Lorsque sa maman, Christine, vient pour le rechercher, il a disparu.
Le corps est retrouvé quelques heures plus tard, dans la Vologne. De nombreux médias s'intéressent alors à ce qui devient "l'affaire Grégory", ce qui leur vaut jusqu'à nos jours de nombreux reproches, notamment d'ingérence dans l'enquête. Cet intérêt médiatique ne s'est jamais démenti, puisque même la plateforme Netflix a réalisé fin 2019 une série documentaire sur le sujet.
L'affaire Grégory, c'est aussi un corbeau. Ou peut-être des corbeaux. L'assassinat, puisqu'il peut être désigné comme tel, a été revendiqué par téléphone puis par une lettre postée avant la mort de l'enfant. Marcel et Jacqueline Jacob ont ainsi été mis en examen en juin 2017 pour "enlèvement et séquestration suivie de mort" après des analyses graphologiques.
L'existence de ce(s) corbeau(x) révèle la chronique d'une famille divisée et déchirée. En effet, le corbeau sévissait depuis plusieurs années. C'est l'image d'une France ouvrière d'un autre temps, avec des familles marquées par des secrets immémoriaux qui empoisonnent les générations dans la vallée.
L'affaire Grégory marque aussi par le silence assourdissant : beaucoup pensent que tout le monde sait, dans cette famille élargie, mais tout le monde se tait. La mort de Monique Villemin, grand-mère du petit Grégory, de la Covid-19 en plein confinement en avril dernier, fait penser à beaucoup que la vérité de cette affaire disparaitra avec la mort des derniers protagonistes.
Ce silence assourdissant, une femme l'incarne, Murielle Bolle. Âgée de 15 ans lors des faits, elle accuse Bernard Laroche, l'oncle de Grégory, de l'avoir enlevé, avant de se rétracter. Murée depuis dans le silence, Murielle Bolle apparaît pour beaucoup comme une victime collatérale de l'affaire. "On m'a fait passer pour un monstre", confiait-elle à RTL en novembre 2018.
Raison supplémentaire s'il en faut pour que la mort de Grégory Villemin ait un tel écho, ce sont les morts liés à cette affaire. Il y a tout d'abord le geste désespéré du papa de Grégory, Jean-Marie Villemin, qui a tué Bernard Laroche devant sa femme et son fils d'un coup de fusil. Il y a aussi, plus récemment, le suicide du juge Jean-Marie Lambert, en 2017. Premier juge à instruire l'affaire Grégory, beaucoup ont contesté son travail.
Finalement, l'affaire Grégory passionne par l'échec judiciaire qu'elle représente. Rétrospectivement, les investigations menées en 1984 apparaissent complètement désuètes et grégaires. 36 ans après, la quête de la vérité continue. Et les parents de Grégory, discrets, continuent à se battre pour que justice soit faite.
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