En Direct
4 min de lecture
Le domicile où Andy F a tiré et tué ses parents et ses frères jumeaux dans la nuit du 11 au 12 août 2009, à Albitreccia
Crédit : PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Jeudi 13 août 2009, 1 heure du matin, les gendarmes de la brigade de Pietrosella, au sud d'Ajaccio, sont appelés en urgence pour se rendre à la mairie annexe de la ville. Ils y découvrent un garçon debout, le regard dans le vide, en état de choc. Andy F., 16 ans, est entouré de ses deux oncles. Il traînait ici depuis vingt-quatre heures. Il â lâché que a nuit précédente il avait "tué tout le monde, toute la famille".
Les gendarmes filent alors dans la commune voisine, Albitreccia. La villa familiale se dresse dans un lotissement cossu avec vue au loin sur les îles Sanguinaires. L'habitation est plongée dans l'obscurité. Il y a des traces de sang autour des chambres. Dans celle des parents, les corps de Nadine et Patrice, couchés sur le ventre. La maman a été touchée par balle au thorax. Le papa a été frappé au cœur, un oreiller est sur la tête. Dans une autre chambre, les jumeaux Duane et Liam, dix ans, sont également retrouvés morts.
En garde à vue, Andy F. détaille les faits. Le soir, il avait la garde des jumeaux. Les parents étaient invités à un barbecue chez des voisins. Ils sont rentrés peu avant 1 heure du matin. Il s'est réveillé sans raison vers 3h00. Il ne sait pas pourquoi, il a décidé de fuguer. Il avait aussi envie de tirer. Il a donc pris une arme dans le râtelier à fusils de son père. Une fois le massacre terminé, il a pris conscience et a essayé de se suicider puis il est parti dans le maquis. À 23h13, Andy F. a appelé une certaine Morgane pour lui avouer la tuerie. Deux heures, plus tard, son oncle l'a retrouvé.
C’est très rare qu’il y ait autant de divergences, à la fois au niveau du diagnostic et de l’interprétation médico-légale.
Laurent Layet, expert psychiatre auprès de la Cour de Cassation
Mercredi 24 février 2010, Andy F. refuse de participer à la reconstitution des crimes dans la maison d'Albitreccia. Dès lors, il va commencer à se fermer. Les enquêteurs notent plusieurs incohérences dans son compte-rendu de la tuerie. Il a ainsi déclaré qu'il n'avait jamais touché aux corps après les coups de feu. Pour les gendarmes et les experts, les cadavres des parents ont pourtant été bougés et retournés. Scénario qui renforce l'hypothèse d'un acte froid et déterminé.
Quatre experts psychiatres sont désignés par la juge. Les médecins livrent des conclusions divergentes. Les deux premiers estiment que le discernement d'Andy F. était totalement aboli lors de la tuerie. Ils le présentent comme souffrant d'une grave pathologie narcissique. Après un examen IRM, les psys ont décelé chez l'adolescent une lésion cérébrale congénitale dans le lobe temporal gauche. On va se demander si cette lésion ne serait pas la cause d'une possible épilepsie. L’anomalie est finalement déclarée bégnine et non évolutive. Aucune maladie mentale décelée.
Les deux autres psychiatres ne sont pas d'accord avec leurs collègues. Ils pensent que le jeune garçon est dangereux, évoluant dans un état limite, entre névrose et psychose. Il serait sujet à des pulsions agressives incontrôlables. Après trois années d'expertises et contre-expertises, les juges déplorent l'absence de réponse claire. "C’est très rare qu’il y ait autant de divergences, à la fois au niveau du diagnostic et de l’interprétation médico-légale", précise Laurent Layet, expert psychiatre auprès de la Cour de Cassation, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Lundi 12 novembre 2012, Andy F. comparait devant la cour d'assises des mineurs de la Corse-du-Sud, à Ajaccio. Il ne peut toujours pas donner d’explication à son geste. Quant aux membres de la famille, "ils viennent chercher un peu de vérité" mais face au mutisme du garçon "ils voient en lui la trace d'un manipulateur", indique Paul Ortoli, journaliste correspondant en Corse pour RTL et Le Monde. Après six heures de délibéré, il est déclaré "pénalement irresponsable". Acquitté pour ce quadruple meurtre, il sera placé dans une UMD, unité pour malades difficiles.
Décembre 2013, Andy F. se présente devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. Depuis son acquittement, il est surveillé au sein de l'unité des malades difficiles de l'hôpital psychiatrique de Montfavet, près d'Avignon. Dans un rapport, il est présenté comme un patient calme, stable, qui n'a jamais créé d'incident. La partie civile insiste sur les mensonges et le cynisme de l’accusé. Mais la cour d'assises déclare à nouveau Andy F. pénalement irresponsable.
De retour en UMD, le jeune homme va poursuivre ses études. L'étau se desserre progressivement autour de lui. Il rejoindra discrètement les bancs de la faculté des Sciences. Andy F. travaille aujourd'hui dans une société du secteur agricole, dans le sud-est de la France. "Pendant un moment la maison, que les gens autour appellent la maison maudite, était en vente", se rappelle Paul Ortoli. À défaut d'une explication sur ce bain de sang de la part du système judiciaire, les locaux, quant à eux, semblent avoir trouvé la leur.
- Dr Laurent Layet, expert psychiatre auprès de la Cour de cassation. Auteur du livre : Au pays des ombres - voyage au cœur de la folie, aux éditions Mareuil.
- Paul Ortoli, journaliste correspondant en Corse pour RTL et le quotidien Le Monde.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte