ÉDITO - Nestlé : "Le petit nid suisse n'est plus si tranquille", estime François Lenglet

C'est désormais un nouveau président qui représente le géant suisse Nestlé : Pablo Isla, l’ancien patron du groupe de textile espagnol Zara. C’est le second changement à la tête de l’entreprise. En 2024, c'était le directeur général qui avait été révoqué en 24 heures. Il a succédé à un Français, Laurent Freixe.

Nestlé, ce sont plusieurs dizaines de marques, dans le café, avec Nescafé, dans la confiserie, avec Kit Kat et Smarties, dans l’alimentation pour bébés, avec Guigoz, les eaux minérales, avec Perrier et Vittel et la nourriture pour animaux, toute la gamme Purina. C’est bien simple, Nestlé, dont le nom est dérivé de "Nestlein", ce qui signifie "petit nid", est indubitablement le numéro 1 mondial de l’alimentaire, avec une valeur estimée à près de 100 milliards d’euros pour son chiffre d’affaires.

Pourquoi Nestlé a-t-il changé si fréquemment de président ?

Il y a une grosse crise de fatigue. D’abord, il subit le contrecoup du boom au moment du confinement, lorsque les ventes se sont envolées. Comme tous les industriels de l’agroalimentaire, il a ensuite augmenté ses prix comme une brute, +8% en 2022 et en 2023, dans la foulée des augmentations des matières premières, tout en réduisant les investissements dans le marketing et la publicité.

Résultat, aujourd’hui, les ventes ne progressent guère, seulement +2% en 2024. La bourse s’en ressent. Il y a trois ans, Nestlé était la star de la cote européenne, mais depuis un an, le Français Danone, dans le même secteur, lui met une sacrée claque.

Les produits Nestlé doivent-t-ils retrouver des prix plus sages ?

C’est plus sérieux que cela. La "Junk-food", les Kit Kat et autres Crunch sont de plus en plus critiqués, y compris aux États-Unis où le nouveau ministre de la Santé veut faire diminuer et la consommation de sucres, et celle de produits transformés, deux activités importantes pour l’entreprise.

La consommation massive des médicaments anti-obésité, les Wegovy et autres, aurait d’ailleurs fait chuter la consommation de produits d’épicerie de 6%, selon une étude, au profit des produits frais. En plus, pendant longtemps, ces multinationales de l’agroalimentaire ont été portées par la croissance des ventes dans les marchés émergents, qui plafonne aussi désormais.

Il faut donc trouver des relais de croissance, et plutôt dans l’alimentation saine et aussi innover, tenter de refaire le coup du siècle qu’a été l’invention de Nespresso, il y a 40 ans, le système intégré de machine-capsules qui a été hyper rentable.

Que va-t-il se passer pour Perrier, mise en cause pour la filtration de son eau ?

Perrier, mais aussi Vittel, Hépar et Contrex, pour lesquelles Nestlé a été sommé de modifier la production afin de se conformer à la réglementation, vont connaitre du changement. La nouvelle direction a annoncé son intention de filialiser le business des eaux en Europe, avec un désengagement en vue. On voit donc que le "petit nid suisse" n’est plus si tranquille.

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