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ÉDITO - Pourquoi le chocolat va devenir un produit de luxe
Et si le chocolat redevenait un produit luxe, comme au XVIe siècle ? Au vu de l'évolution des derniers tarifs, c'est à craindre, explique François Lenglet.
Des chocolats pour Pâques (illustration).
Crédit : Fred TANNEAU / AFP
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Le nouvel or noir : c'est ainsi qu'il faut désormais appeler ce produit qui fait vos délices. Le prix de la fève de cacao a littéralement explosé, atteignant dans les jours derniers, près de 6.000 dollars la tonne, alors que ça n'était que 2.000 dollars il y a un an. Une envolée qui déstabilise toute la filière industrielle. Les traders de matières premières ont réalisé que les stocks mondiaux ne couvraient plus qu'un tiers des besoins. À la veille de Pâques, où la consommation mondiale se déchaîne, ils ont donc massivement acheté. Mais selon les spécialistes, il y a aussi des causes beaucoup plus durables.
Tout d'abord, la consommation mondiale a presque doublé dans les dernières décennies, avec de fortes progressions en Asie notamment, qui jusqu'ici n'était pas très friande. Ensuite, le changement climatique compromet les récoltes dans les deux pays qui font les deux tiers de la production mondiale : Côte d'Ivoire et Ghana. Le phénomène climatique El Niño aurait fait baisser la dernière récolte de 11%, selon l'organisation internationale du cacao, citée par l'EFT. Cette année, la demande pourrait donc excéder l'offre de près de 400.000 tonnes.
Enfin, on n'a pas assez investi. Les arbres à fèves vieillissent, ils produisent moins, les exploitants n'ont pas l'argent suffisant pour traiter les récoltes contre les maladies et pour rajeunir les plantations. Donc les prix ne sont pas prêts de baisser et les industriels tentent de s'y adapter en réduisant, voire en supprimant le chocolat de leurs produits. Selon Bloomberg, le groupe Mars a enlevé 10 grammes de sa barre de chocolat Galaxy, sans d'ailleurs baisser le prix.
D'autres remplacent le produit par des noisettes, de l'huile de palme, de façon à réduire les coûts. Aux États-Unis, Hershey, qui fabrique KitKat, n'effectue plus le revêtement complet de son chocolate frosted donut, seulement partiel. Ce confiseur de taille mondiale a réduit ses emplois de 5% à cause de la montée des coûts.
Moins de chocolat donc, tant pis pour les gourmands, mais tant mieux pour le climat. L'empreinte carbone du chocolat est très élevée : près de 30 kilos de carbone pour un kilo de chocolat, c'est énorme. Pour celui qui est issu des exploitations ivoiriennes, c'est plus que la viande de bœuf. Si le chiffre est si élevé, c'est que la culture des fèves est une cause importante de déforestation. En Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, 90% des forêts ont disparu, selon le cabinet Sami.
