Satisfaites de la journée de grève du 19 janvier dernier, l'ensemble des formations syndicales se tournent désormais vers le 31 janvier prochain. C'est, en effet, à cette date-là qu'une nouvelle journée de mobilisation a été décidée, à l'issue des manifestations du jeudi 19 janvier. Pour autant, d'ici-là, de multiples actions sont prévues dans des secteurs bien précis, des raffineries à la SNCF en passant par les énergéticiens d'EDF.
Ce lundi 23 janvier, le ministre du Travail Olivier Dussopt a présenté durant le Conseil des ministres le projet de loi de réforme des retraites. Celui-ci passera par la présentation devant les parlementaires d'un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS). Un véhicule législatif qui permet au gouvernement de pouvoir utiliser, éventuellement, un 49.3. Dans le même temps, l'exécutif devrait faire usage d'un autre article de la Constitution, le 47.1. Ce dernier limite à 20 jours le temps de débat possible à l'Assemblée, avant de transférer sans vote, le texte au Sénat.
Face à cela, les syndicats ont d'ores et déjà prévenu qu'il y "aurait des actions" durant "toute la semaine", avant même que les députés discutent du fond du projet à partir du 30 janvier. Tour d'horizon.
Du côté de la CGT Mines-Énergies, la menace de "coupures ciblées d'une heure ou deux" est brandie, à nouveau, par les syndicalistes. Le 21 janvier dernier, sur France 2, le secrétaire général CGT de la Fédération nationale des Mines et de l'Énergie (CGT-FNME), avait détaillé ses plans. "On passera en gratuité les hôpitaux et les écoles, on ne déchargera pas le gaz des terminaux méthaniers, on baissera la production", avait-il assuré.
Ce lundi 23 janvier, avant l'organisation d'une assemblée générale, ce même responsable syndical a réitéré son appel à des "coupures ciblées". "Il faut agir. Il faut prendre des actions et des actions qui se voient, qui ont un impact vis-à-vis de ceux qui soutiennent le gouvernement et les lois de régression sociale", a-t-il martelé sur BFMTV. Dimanche 22 janvier,le patron de la CGT Philippe Martinez avait répété son soutien à ce genre d'action, notamment les coupures ciblées. "Il faudrait faire vivre aux milliardaires quelques heures, quelques jours, ce que vivent de millions de foyers", avait-il estimé.
Par ailleurs, alors que les boulangers manifestaient ce lundi pour protester contre leurs factures énergétiques exorbitantes, les syndicalistes de la CGT-FNME ont fait basculer les boulangers en "tarif réduit". En tout état de cause, le syndicat assure, à cette heure, ne pas avoir l'intention de couper l'électricité aux clients particuliers.
Jusqu'au 31 janvier prochain, on connaît déjà en partie les axes de mobilisations au sein des raffineries françaises. En effet, la Fédération Nationale des Industries Chimiques (FNIC) de la CGT a publié, dès le 11 janvier dernier, trois appels à la grève distincts. Le premier était prévu le 19 janvier, pour une durée de 24 heures. Le 26 janvier, la CGT-FNIC a prévu une grève de 48 heures. Puis, le 6 février, une grève de 72 heures. "[À cette date] sera proposé aux salariés [une] grève reconductible avec, si nécessaire, l'arrêt des installations de raffinage".
La question des pénuries va-t-elle se poser ? Bien que des ruptures de stocks aient perturbé le réseau des stations-service à l'automne 2022, les stocks sont - désormais - revenus à la normale. Aussi, selon Francis Pousse, président de la Fédération nationale des distributeurs de carburant Mobilians, ces mouvements sociaux ne devraient pas déclencher de pénuries massives.
Et pour cause, les stations-service sont principalement approvisionnées à partir de l'un des 200 dépôts situés en France. Selon le spécialiste, interrogé avant en amont de la première mobilisation sociale par BFMTV, la France dispose d'environ "un mois de stock". "Quant aux stocks stratégiques, ils ont été rechargés depuis la dernière grève", avait-il précisé. "Les stocks peuvent largement absorber" une première grève de 24 heures, mais "certaines stations d'autoroute pourraient fermer", confirmait Eric Sellini, responsable CGT chez TotalEnergies, avant le 19 janvier.
Si du côté des transports parisiens aucune annonce n'a encore été faite concernant une éventuelle mobilisation sociale avant le 31 janvier, du côté de la SNCF les choses sont d'ores et déjà connues.
En dehors de l'appel à la grève nationale du 31 janvier prochain, lancé par la totalité des centrales syndicales, les cheminots de la SNCF pourraient se "mobiliser avant et après" cette date, confirmait le même jour Laurent Brun. Pour l'heure, cette branche de la CGT n'a pas précisé quels seraient les contours de cette autre mobilisation sociale.
Pour autant, Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, a déposé le 19 janvier dernier un préavis de grève couvrant l'ensemble des salariés du groupe SNCF allant "du mercredi 25 janvier 2023, 19h00, au jeudi 2 février 2023, à 8 heures". "On ira probablement au-delà de ce qui est programmé par les intersyndicales", prévenait le responsable CGT dès ce vendredi 20 janvier.