C'est la toute première fois que l'état de "calamité naturelle exceptionnelle" est déclaré. Quatre jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte, dévastant tout l'archipel de l'Océan Indien, le ministère des Outre-mer a annoncé, ce mercredi 18 décembre, activer ce tout nouveau dispositif, spécialement prévu pour les territoires ultramarins.
Selon le gouvernement, cela permettra d'assurer "une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence". Le dispositif est prévu pour durer un mois, mais il pourra être renouvelé par périodes de deux mois, permettant ainsi "une plus grande réactivité aux autorités locales et nationales, tout en allégeant certaines procédures administratives", a précisé le ministère.
"La tragédie de Mayotte est probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles", a écrit François Bayrou, le Premier ministre.
Dans le département le plus pauvre de France, où un tiers de la population vit dans des logements précaires, les habitants de Mamoudzou tentent, avec les moyens du bord, de rafistoler ce qui peut encore l'être, en martelant la tôle ou en posant des toits de fortune sur leurs habitations soufflées par le vent.
Plus loin, les bulldozers s'activent pour remettre en état l'héliport du centre hospitalier de Mayotte (CHM), durement touché, mais qui continue de fonctionner. "Petit à petit, on réintègre des services à mesure qu'on arrive à les nettoyer", a expliqué le directeur du CHM, Jean-Mathieu Defour. Dans le même temps, un hôpital de campagne avec une centaine de lits médicalisés est en construction et devrait être opérationnel dans les prochains jours, a annoncé François-Noël Buffet, ministre démissionnaire des Outre-mer.
La solidarité nationale s'est rapidement mise en place. Ce mercredi, plus de 100 tonnes de vivres devaient être distribuées, selon le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. L'alimentation en eau "fonctionne à 50%", a précisé François-Noël Buffet, mais elle présente un risque de "mauvaise qualité". L'électricité, elle, n'est que "partiellement remise en route". Les routes, elles, sont majoritairement déblayées.
Un "pont maritime civil" a ainsi été mis en place depuis la Réunion. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ce sont quelque 200 conteneurs qui vont prendre la direction de Mayotte, où ils devraient arriver dimanche. "On passe à la phase massive de soutien", a déclaré Patrice Latron, préfet de La Réunion.
Parmi ce chargement, l'équivalent de "millions de litres d'eau", ce qui permettra d'éviter une pénurie d'eau en bouteilles", se sont félicitées les autorités.
Outre les secours, l'autre énorme défi sera de dresser le bilan humain de cette catastrophe. Pour l'heure, 22 décès ont été recensés à l'hôpital et neuf par les communes. Mais les autorités anticipent un nombre de victimes beaucoup plus important. Le décompte officiel "n'est pas en adéquation avec la réalité des 100.000 personnes qui vivent dans un habitat précaire", occupé en grande partie par des immigrés venant des Comores, a rappelé le ministère de l'Intérieur.
Une mission de recherche a été mise en place pour réaliser ce décompte, rendu d'autant plus délicat que les Comores, d'où est originaire une partie des habitants de Mayotte, est une terre de forte tradition musulmane : selon les rites de l'islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite.
Dans les bidonvilles désormais nus, "ça enterre à tour de bras, donc on n'aura jamais de décompte", estime un membre du personnel judiciaire du tribunal de Mamoudzou ayant requis l'anonymat. "Que ce soient des gens en situation régulière ou irrégulière, peu importe, on ne saura jamais."
L'archipel doit également faire face à un risque accru de pillages. Un couvre-feu a donc été instauré depuis mardi soir, de 22 h à 4 h. Quelque 2.000 membres de forces de l'ordre sont ou vont être mobilisés pour assurer la sécurité des rescapés. Il faut pouvoir "assurer l'ordre public pour ne pas ajouter du désordre au désordre", a déclaré Bruno Retailleau, rappelant alors son intention de légiférer contre l'immigration clandestine "totalement incontrôlée" et d'être "beaucoup plus dur avec les Comores".
Le système éducatif est également très touché : les 221 écoles, 22 collèges et 11 lycées de l'archipel "sont tous impactés. 40% du bâti scolaire est endommagé donc pas utilisable pour l'instant", indique-t-on au ministère de l'Éducation nationale. Quelque 27 établissements accueillent par ailleurs 9.000 sinistrés. "Le ministère travaille activement à la préparation de la rentrée scolaire à partir du 13 janvier", ajoute le ministère, rappelant que 117.000 élèves sont normalement scolarisés à Mayotte.
En parallèle, la fédération professionnelle France Assureurs a annoncé l'envoi d'une "mission de reconnaissance" pour anticiper les déclarations de sinistres, sachant que, selon l'administration, très peu de ménages sont effectivement assurés sur l'archipel.
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