Des médecins aux aides-soignants, des doyens aux étudiants, tous les personnels de l'hôpital public à bout de souffle sont appelés à manifester ce jeudi 14 novembre pour exiger davantage de moyens et d'effectifs. Au même moment, le gouvernement peaufine un "plan de soutien" très attendu. Invité de RTL, le directeur général du groupe hospitalier Nord-Essonne, Cédric Lussiez, explique que "nous ne fermons pas des lits pour des raisons d'argent, mais à cause de pénuries de professionnels."
"21 lits ont été fermés dans mon hôpital depuis quelques jours, alors
qu'ils sont essentiels à l'accueil des urgences, faute d'infirmières, décrit ainsi Cédric Lussiez. Alors que la ministre nous a demandé de tout mettre en œuvre pour
qu'aucun patient ne dorme sur un brancard la nuit, nous risquons d'avoir ce type de situations qui se multiplient cet hiver, non pas pour des raisons
financières, mais parce que nous sommes face à des pénuries sans
cesse croissantes de personnels infirmiers, de kinés, de manipulateurs
radios et de médecins."
"Nous serions incapables de faire fonctionner les gardes de nuit et de week-end sans l'apport des médecins avec des diplômes étrangers", explique ainsi le directeur général du groupe hospitalier Nord-Essonne. "Ce qui me choque, c'est de ne pas pouvoir toujours donner aux patients les conditions d'accueil et de soins que les personnels aimeraient leur donner."
"Il y a un risque de qualité des soins détériorée, prévient donc Cédric Lussiez. Il y a beaucoup de jours où nous ne sommes pas en capacité d'offrir le nombre de lits nécessaires aux services des urgences, et où des patients stagnent dans ces services de manière inappropriée."
Pourtant, selon le directeur d'hôpital, "il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme. Il se passe encore des choses merveilleuses dans les hôpitaux. Il ne faut pas seulement y voir un signe de désespoir, il faut comprendre que les professionnels qui ont choisi l'hôpital public ont envie d'offrir le meilleur."
"Les chiffres de la mobilisation sont connus pour les médecins, avec plus de 40 % dans mon hôpital, explique Cédric Lussiez, qui dirige les hôpitaux de Juvisy, Longjumeau et Orsay. C'est un chiffre historiquement très élevé. Les services les plus impactés sont les urgences, mobilisées depuis près de six mois, et le bloc opératoire. Nous avons été contraints de déprogrammer un certain nombre d'interventions chirurgicales."
"Les urgences sont assurées, a néanmoins rassuré le directeur d'hôpital. Il y a des salles d'urgence en permanence disponibles. Et il y a des personnels assignés, bon nombre de ces grévistes doivent travailler. Si nos compatriotes n'ont pas toujours l'impression de subir les conséquences de ces grèves, c'est qu'il y a un service minimum appliqué avec rigueur à l'hôpital public."