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"Un boulon à tourner toutes les 6h pour gagner 1 mm par jour" : grandir coûte que coûte, le business florissant de l'allongement des jambes en Turquie

Une chirurgie extrêmement lourde permet d'allonger les jambes et de gagner quelques centimètres. Un hôpital à Istanbul en a fait sa spécialité et opère de plus en plus de patients venus du monde entier. RTL a enquêté sur ce phénomène.

Un homme avec une béquille (image d'illustration)

Crédit : edwardolive / YAY / Universal Images / UIG / Science Photo Library via AFP

"C'est la plus grosse douleur que j'ai jamais ressentie" : le témoignage de Thomas, jeune Français opéré en Turquie pour grandir

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Hermine Le Clech

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Le business de l'allongement osseux est en plein essor en Turquie. Il s'agit d'une chirurgie extrêmement lourde qui consiste à casser les os des jambes pour grandir. Un hôpital à Istanbul en a fait sa spécialité et accueille des patients du monde entier. RTL a enquêté sur ce phénomène et recueillis le témoignage de ceux qui sont prêts à tout pour gagner quelques centimètres.

Il y a encore trois semaines, Thomas mesurait 1m74. Ce jeune français de 25 ans a toujours complexé sur sa taille, alors même qu'il se situe dans la moyenne des Français. "Je pense aussi que c'est une question de proportion, dans le sens où j'avais quand même les jambes assez courtes", raconte-t-il auprès de RTL. "Quand on n'a pas le complexe, on ne le vit pas. On ne peut pas savoir ce que ça fait", poursuit-il.

Thomas vient donc de sauter le pas. Il s'est fait opérer en Turquie, une chirurgie extrêmement lourde qui consiste à casser le fémur pour gagner quelques centimètres. "Au réveil, juste après l'anesthétie, la douleur est horrible, témoigne-t-il. Je me souviens d'avoir crié de douleur et crié 'help me, help me' (aidez-moi, aidez-moi, ndlr). C'est la plus grosse douleur que j'ai jamais ressentie".

Cinq mois de convalescence dans un appartement à Istanbul

Au micro de RTL, il détaille la procédure chirurgicale. "On met juste une petite barre en métal à gauche du fémur et chaque jour, on a juste à tourner, avec une clé, un petit boulon. On le tourne quatre fois par jour, une fois toutes les six heures, pour gagner 1 millimètre par jour", explique-t-il. 

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Malgré cette lourde opération et la douleur ressentie, Thomas ne regrette "honnêtement" pas sa décision. Le jeune entrepreneur passera les cinq prochains mois de sa convalescence dans un appartement à Istanbul, loué par l'hôpital. Il espère gagner neuf centimètres pour passer la barre symbolique d'1m80. Prix du voyage et de l'opération : 30.000 euros.

Une centaine d'opérations en 2025

L'entreprise qui gère ces opérations s'appelle "Wanna Be Taller". Traduction : "Je veux être plus grand". Elle assure qu'elle reçoit de plus en plus de demandes du monde entier. Et pour cause, le groupe multiplie les vidéos promotionnelles sur les réseaux sociaux. Des pastilles de quelques minutes, sous fond de musique épique qui mettent en avant un hôpital flambant neuf et vantent le professionnalisme des équipes.

Selon le fondateur l'entreprise, Ibrahim Algan, sa société compte des Asiatiques et les Américains parmi ses principaux patients. Des Français viennent aussi toquer à la porte de son entreprise. "Nous avons actuellement opéré quinze patients français, mais ce chiffre ne fait qu'augmenter", explique-t-il. "Nous recevons de plus en plus de messages de Français intéressés qui cherchent à se renseigner sur l'opération. Même des Turcs vivant en France et qui voient nos vidéos. Cette année, on approche des 100 opérations au total. En dix ans, nous avons fait 700 opérations de patients de tous les pays du monde", a-t-il ajouté. 

Ibrahim Algan a lui-même été opéré, à deux reprises, pour grandir. Il a gagné au total 12 centimètres.

"Les ennuis arrivent après la chirurgie"

Que pensent les médecins français de cette opération ? En France, cette chirurgie est encadrée. Elle est possible lorsque les deux membres ne sont pas de la même taille par exemple, ou en cas de nanisme. Bernard Fraisse, chirurgien orthopédique au CHU de Rennes, pratique régulièrement cette opération. Au micro de RTL, il explique que "les ennuis arrivent après la chirurgie". "Cela nécessite un suivi extrêmement régulier avec des risques d'infections, des fractures et de multiples opérations non-prévues au départ qui devraient se rajouter", détaille-t-il. 

Ce chirurgien orthopédique au CHU de Rennes se dit "inquiet". "Les patients prennent des risques inconsidérés, on leur vend du rêve", dénonce-t-il. 

Les médecins craignent désormais le retour en France de ces patients opérés à l'étranger et de devoir prendre en charge de plus en plus de complications liées à cette chirurgie. 

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