Un dîner entre Marion Maréchal et un conseiller d'Emmanuel Macron fait polémique
ÉCLAIRAGE - Le "conseiller mémoire" d'Emmanuel Macron, Bruno Roger-Petit, a déjeuné avec Marion Maréchal en octobre dernier. La révélation de cette rencontre fait des remous jusque dans la majorité.

Peut-on déjeuner avec une figure éminente de l'extrême-droite, qui plus est héritière d'une dynastie politique dont le nom ne fait qu'un depuis des décennies avec cette famille de pensée, lorsque l'on est conseiller d'un président de la République libéral, pro-européen, et adversaire autoproclamé des extrêmes ? C'est la question qui se pose depuis qu'un déjeuner entre Marion Maréchal et Bruno Roger-Petit, "conseiller mémoire" d'Emmanuel Macron, a été révélé au public par le journal Le Monde.
Selon le quotidien, les deux parties ont confirmé la tenue de ce repas, sans en révéler la teneur exacte. "Je ne refuse jamais de discuter par principe", explique Marion Maréchal, approchée via un ami, "curieuse de connaître celui qui s’amusait à me traiter de nazie toutes les deux semaines quand j’étais députée".
Bruno Roger-Petit affirme qu'il a rencontré Marion Maréchal "à titre personnel", pour "savoir ce qu’elle avait à dire et si elle était en résonance avec l'état de l’opinion" et "constater", finalement, un "désaccord". Mais cela a suscité beaucoup de remous dans l'opposition mais aussi dans la majorité.
L'opposition à gauche s'insurge...
Sur Twitter, l'opposition de gauche s'est montrée indignée par cette rencontre. "Le macronisme, face à l'extrême droite, un rempart ? Non, un rencard...", commente le député La France insoumise Alexis Corbière. "Le système a invité son assurance-vie à déjeuner. Macron, un barrage à l'extrême-droite ? Non, son meilleur allié !", estime sa collègue Mathilde Panot.
Emmanuel Grégoire, premier adjoint socialiste à la mairie de Paris, va plus loin : "Maurras et Pétain n'étaient pas dispo..." "Le prétendu 'nouveau' monde est en train de basculer vers du très très rance", estime par sa part l'ex-ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
Pour l'avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, "nul besoin de manger des bulots" avec Marion Maréchal, pour "savoir" qu'elle est "une Maurras sienne non dissimulée". "En comparaison de sa nièce [Marion Maréchal], la tante [Marine Le Pen] apparaît presque inoffensive", estime-t-il.
... et une partie de la majorité s'étrangle
La polémique n'a pas manqué de faire réagir la majorité, où certains ne mâchent pas leur mot. "On ne déjeune pas avec le diable même avec une longue cuillère", estime le député de la Loire Jean-Michel Mis. "Avec l’extrême droite, on ne discute pas, on ne transige pas. On la combat", tacle de son côté Hugues Renson, vice-président de l'Assemblée nationale, citation de Jacques Chirac à l'appui.
"Il y a des gens qu’on ne 'sonde' pas 'à titre personnel', on les combat à titre collectif. Marion Maréchal et toute sa clique en font clairement partie", note de son côté Astrid Panosyan, co-fondatrice d'En Marche ! et trésorière de La République en marche. Un tweet "liké" par le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes Clément Beaune et relayé par l'ancien patron des députés LREM Gilles Le Gendre.
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