Présidentielle 2022 : les Français plébiscitent Macron et Le Pen mais pas un duel
ÉDITO - Les intentions de vote pour les candidats sont hautes, mais près de 7 Français sur 10 ne veulent pas d'un duel Macron / Le Pen. Olivier Bost décrypte les sondages.

Près de 7 Français sur 10 ne veulent pas d’un duel Emmanuel Macron / Marine Le Pen au prochaines élections présidentielles, selon un sondage Ifop. Mais les sondages, surtout d’intentions de vote, 20 mois avant une présidentielle, ne veulent rien dire sur le résultat 20 mois plus tard.
Aucune étude d’opinion n’a donné le vainqueur à ce moment-là du mandat, même par l’affiche du second tour. C’est normal, car ce n’est pas leur rôle. Ces sondages donnent en fait l’état de l’opinion aujourd’hui. Une photographie de la perception du paysage politique. Et les chiffres sont intéressants.
En intention de vote, Emmanuel Macron comme Marine Le Pen sont à des niveaux incroyables. 27%, 28% pour chacun si le premier tour avait lieu demain. Emmanuel Macron réussit même un exploit : sa côte de confiance remonte de semaine en semaine. Il est au-dessus de son socle de premier tour de 2017 : du jamais vu sur toutes les dernières élections présidentielles.
L'exemple du cas Balladur
Pourtant, il ne faut pas confondre les intentions de vote quand on vous propose des candidats et les souhaits de victoire. À la question "qui souhaiteriez-vous comme candidats pour la majorité présidentielle", 19% des français répondent Emmanuel Macron dans un sondage récent de l’Ifop pour la Lettre de l’Expansion. 19%, c'est peu.
Il y a un exemple que m’a rappelé un responsable des Républicains qui a vécu de l’intérieur l’élection présidentielle de 1995. Edouard Balladur caracolait en haut des sondages d’intentions de vote, il avait déjà gagné. Mais en fait, ce que ne regardait pas grand monde, c’est qu’il était très bas dans les souhaits de victoire. On se souvient de la suite : il s’effondre et ne passe pas le premier tour.
Il y a donc de la place pour 2022. Il existe aujourd'hui une insatisfaction qui ne trouve aucun débouché politique. Cela peut donner quelques espoirs aux oppositions et autoriser un peu près n’importe quelle candidature, même les plus loufoques. C’est sans doute ce qui va rythmer en partie la vie politique dans les mois qui viennent. Des tours de pistes pour voir s’il y a moyen d’aller un peu plus loin.
Tous ces sondages et études d’opinion ne disent donc rien de l’affiche pour 2022. Ils indiquent seulement que tous les signes pour une nouvelle vague de dégagisme sont là.