Ministère de la Justice : Éric Dupond-Moretti ajuste ses prises de position

Justice de proximité, indépendance du parquet, violences conjugales... Éric Dupont-Moretti a dévoilé ce dimanche 19 juillet sa feuille de route. Il sera entendu ce lundi 20 juillet par la commission des lois. L'arrivée du tonitruant avocat avait suscité espoirs et inquiétudes. Mais depuis qu'il est passé de la robe au costume-cravate, il a mis un gros bémol sur certaines de ses convictions. 

L'avocat Éric Dupond-Moretti avait plaidé en faveur du rapatriement des femmes et enfants retenus en Syrie. Le gouvernement ne veut pas de ces retours. Le garde des Sceaux dégaine désormais la carte loyauté. 

Autre exemple : le Parlement se penche actuellement sur le suivi des personnes qui sortent de prison et qui ont été condamnées pour des faits de terrorisme. Le gouvernement voudrait pouvoir les placer sous bracelet électronique alors même qu'ils ont purgé leur peine. L'avocat aurait sauté au plafond, le ministre de la Justice approuve. 

Nos espoirs sont douchés

Maître Raphaël Kempf

L'avocat Raphaël Kempf est très surpris par les propositions du ministre qui frôlent parfois la démagogie totale, comme celle d'obliger un jeune pris en train de taguer à repeindre le lendemain les murs d'un commissariat sans passer par la case justice. 

"Cela pose un petit souci en termes de respect de la présomption d'innocence, explique Maître Kempf. Dire cela, c'est laisser penser que la justice est aujourd'hui laxiste, ce qui est faux. Il suffit de se rendre dans un tribunal pour constater qu'en comparution immédiate, sont jugés et envoyés en prison pour des durées parfois assez longues des gens qui sont arrêtés pour des délits relativement mineurs".

Éric Dupont-Moretti le sait, son temps est compté. Il n'a que 600 jours. Son obsession : réconcilier les Français avec la justice. Selon nos informations, il devrait nommer un conseiller dans les jours à venir pour aller à la pêche aux bonnes pratiques partout en France.