ÉDITO - "François Bayrou signe un coup de boutoir contre Emmanuel Macron", selon Alba Ventura

Une charge lourde contre le locataire de l'Élysée. Dimanche 1ᵉʳ octobre, le Modem de François Bayrou effectuait sa rentrée politique dans le Morbihan à Guidel. Il n'a pas hésité à s'attaquer frontalement à la façon de diriger le pays. "Si vous êtes dans l'affrontement, vous ne pouvez gouverner... Il faut changer de méthode", a-t-il déclaré.

C’est une charge que signe le professeur Bayrou, c'est même un coup de boutoir. Une critique de la méthode Macron qu’il formule sans viser directement le président, mais devant Stéphane Séjourné - le patron de Renaissance le parti macroniste - fidèle parmi les fidèles du président. Sans oublier Edouard Philippe, à toutes fins utiles. 

"Je crois que gouverner, ce n’est pas gouverner au nom du peuple pour un temps défini, mais gouverner avec le peuple. Les pouvoirs en général croient que c’est comme autrefois, qu’il suffit de tenir bon". On entend là une référence à la réforme des retraites. Et François Bayrou d’insister en demandant de la pédagogie, de l’explication, d’associer les citoyens aux décisions politiques de première importance. Cela demande du respect, de l’intelligence collective, de la générosité. 

"Si nous n’arrivons pas à faire cela, je crois que la démocratie n’y résistera pas". Autrement dit, Marine Le Pen pourrait accéder au pouvoir… Voilà la mise en garde de François Bayrou qui appelle Emmanuel Macron à changer !

Emmanuel Macron peut-il entendre cette critique ?

Ce n’est pas la première fois que François Bayrou dit ce qu’il pense de la méthode Macron. En septembre dernier, il avait dit publiquement "je suis opposé au passage en force". Il n’a pas digéré la façon dont le Président a mené la réforme des retraites.

Mais, ce que dit François Bayrou, ce n’est pas vraiment la manière de penser d’Emmanuel Macron. Le Président est dans l’idée qu’il y a des dossiers lourds à traiter, qu’il faut remettre la France sur les rails et qu’il faut avancer sans se retourner. 

Qui plus est lorsque le temps qu’il vous reste, est limité. Ça ne veut pas dire que le Président n’est pas capable d’entendre lorsque le pays a besoin d'une pause - il l’a fait au moment du grand débat - mais Emmanuel Macron est davantage dans "un passage" politique que dans une carrière politique.

Et pour ce passage, Emmanuel Macron est plutôt dans un "qui m’aime me suive" que "vous viendrez bien prendre une p’tite tasse de thé". Pas le temps pour ça. Un choix qui lui fait commettre des fautes. Encore une fois, la réforme des retraites - qu’il fallait boucler coûte que coûte - a été très mal expliquée et très mal acceptée.

Bayrou et Macron, des alliés incompris ?

François Bayrou a toujours rêvé d’être à la place d’Emmanuel Macron. Il s’est désisté pour lui, c’est comme cela qu’il l’a mis en scène à l’époque. Le professeur Bayrou, aimerait bien que l’élève Macron lui soit reconnaissant et qu’il l’écoute de temps en temps.

Mais il a tout faux. Une ministre qui a bien analysé le rapport entre les deux hommes, explique que le président Macron gère François Bayrou "comme un dompteur qui cherche à faire passer un vieux lion dans un cerceau en feu". Ce n’est pas hyper flatteur. 

Emmanuel Macron déteste ceux qui prennent à partie l’opinion pour lui imposer des choses. En général, ça le pousse à faire l’inverse. Macron pense qu’il a une liberté dans le système, par rapport aux autres. Il a toujours dit "moi, je suis là pour agir : je fais de la mécanique, je débloque, je déverrouille".

Il respecte les idées de François Bayrou et son expérience, mais il méprise ceux qui représentent une classe politique dont il estime qu’elle n’a rien fait pendant des décennies.

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