Affaire Jean-Claude Douliery : le terrible séducteur derrière le double meurtre du Cap Canaille

Lundi 26 mars 2001, Manuel Ortiz se présente à la gendarmerie de Marseille. Il habite Allauch, une commune proche. Il vient signaler la disparition de sa fille Dominique, 30 ans. Avec elle, il tient un ranch familial d'une quinzaine de chevaux de promenade. La veille, elle était attendue pour un grand barbecue entre amis. Elle n'est pas venue alors qu'elle avait tout organisé. Le père de Dominique est d'autant plus inquiet qu'elle lui a récemment annoncé sa grossesse. 

Manuel Ortiz est intrigué par l'attitude du petit ami de sa fille et père du futur bébé. Jean-Claude Douliery, maçon, ne semble pas du tout préoccupé par l'absence de la jeune femme. Il lui a raconté que le samedi soir, Dominique avait passé la nuit avec lui dans un hôtel à Marseille. Le lendemain, vers 14h00, il l'a déposée devant la station de métro La Rose. Manuel Ortiz ne croit pas un mot de cette histoire. "Jean-Claude Douliery est le séducteur marseillais par excellence. Il est baraqué. C’est un fêtard. Il a un appétit insatiable pour les femmes", indique Peggy Poletto, journaliste police-justice à Nice-Matin.

Jeudi 31 mars 2005, Angélique Faure est à la gendarmerie de Sanary-sur-Mer, dans le Var. Son père, Jean-Pierre Faure, entrepreneur en maçonnerie, a disparu depuis une quinzaine de jours. Angélique Faure est persuadée que quelque chose de grave lui est arrivé. La jeune femme raconte que ces derniers mois, un homme, Jean-Claude Douliery, est entré dans la vie de la famille. C'était un ami de son père. Il a séduit sa mère. Béatrice Faure est partie vivre avec Douliery.

Coup de théâtre au procès

Jean-Claude Douliery et sa maîtresse Béatrice Faure sont placés en garde à vue. L'épouse dit ignorer où est parti son mari. Elle raconte que le jour de la disparition de Jean-Pierre, elle a remarqué des taches de sang dans la maison. Douliery affiche pour sa part un parfait mutisme. Il dément être mêlé de près ou de loin à cette disparition. Le couple d'amants est mis en examen pour l'assassinat de Jean-Pierre-Faure, et écroué.

Mercredi 14 novembre 2007, Jean-Claude Douliery et Béatrice Faure sont devant la cour d'assises du Var à Draguignan. Ils sont jugés pour la disparition, deux ans auparavant, de Jean-Pierre Faure. Les ex-amants n'ont pas un regard l'un pour l'autre. Lui est dans le box, elle comparaît libre. Dès ses premiers mots, Béatrice Faure provoque un coup de théâtre. Elle s'exclame : "Je pense retrouver l'endroit où le corps de Jean-Pierre a été jeté, du haut d'une falaise de Cassis".

La salle d’assises est interloquée. L'avocat général demeure sceptique. Béatrice Faure est en effet familière des revirements et des affabulations. Tout au long de l'enquête, elle n'a cessé de varier dans ses déclarations. En tête à tête avec le président de la cour, Béatrice Faure répète ses propos. La falaise en question serait celle du Cap Canaille.

Les amants condamnés à la prison

Jeudi 15 novembre 2007, toute la cour d'assises du Var se déplace jusqu'à la majestueuse falaise du Cap Canaille. Sur place, Béatrice Faure guide les gendarmes. Elle explique que Jean-Claude Douliery, après avoir tué son mari à coups de couteau dans le dos, l'a forcée à l'accompagner ici pour se débarrasser du corps. Les pompiers retrouvent un crâne endommagé par les intempéries et les rapaces ainsi que deux mandibules. Les analyses ADN sont formelles. Le crâne et une mandibule appartiennent à Jean-Pierre Faure. L'autre mandibule est celle de Dominique Ortiz, disparue il y a six ans. 

Dix mois après la découverte des restes de Dominique Ortiz et Jean-Pierre Faure, Jean-Claude Douliery et Béatrice Faure retrouvent la cour d'assises du Var. Béatrice veut faire peser toute la responsabilité de l'assassinat de son mari sur les épaules de Douliéry. Me Victor Gioia, avocat de la famille de la victime, est persuadé que Béatrice Faure est en plein théâtre. "Lorsque l’huissier sort le crâne, il y a un mouvement de panique, la salle est sidérée. Je regarde cette femme, elle a un regard perçant et un petit sourire", indique-t-il dans L'Heure du Crime, sur RTL. 

Le verdict tombe au troisième jour du procès. Trente ans de prison pour Jean-Claude Douliery et vingt ans pour Béatrice Faure. En appel, la peine de Douliery sera réduite à vingt-cinq ans. Mercredi 3 février 2010, il est devant les assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. Malgré les évidences, il continue à nier toute implication dans la mort de son ex-compagne Dominique Ortiz. Jean-Claude Douliery est condamné à vingt ans de prison. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Me Victor Gioia, avocat au barreau de Marseille ayant représenté Manuel Ortiz, le père de Dominique Ortiz. 
- Peggy Poletto, journaliste police-justice à Nice-Matin ayant consacré un long papier à cette affaire dans le quotidien.

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