Le 29 mars 1988, peu avant 10 heures, Dulcie September, militante sud-africaine de 52 ans, est abattue dans un immeuble situé au 28 rue des Petites-Écuries. C'est à l'entrée des bureaux du parti de l'ANC (African National Congress), le mouvement anti-apartheid présidé par Nelson Mandela que se produisent les évènements. Au moments des faits, plusieurs enquêtes journalistiques ont mis en évidence les violations commises par la France de l'embargo des armes imposé par l'ONU.
Depuis son assassinat, les proches de Dulcie September tentent de mettre la main sur la personne responsable des faits. Parmi eux, Jacqueline Dérens, 83 ans, une amie de la victime. Les jours, semaines, mois et années passent, mais rien n'est fait : impossible d'identifier un coupable. En 1991, les dernières lois raciales de l'Apartheid sont abrogées en Afrique du Sud.
L'année qui suit, le 17 juillet 1992, l'enquête judiciaire est clôturée par un non-lieu par la justice française. En quatre ans, plusieurs pistes ont été explorées. Certaines aboutissent aux arrestations de militants anti-apartheid. "C'était quand même un petit peu étonnant", lance Jacqueline Dérens dans Les Voix du crime.
Qu'il y ait eu des divergences au sein de l'ANC, bien sûr, mais de là à dire qu'on descendait les gens qui n'étaient pas d'accord avec nous, c'est aller un peu vite en besogne
Jacqueline Dérens, amie de Dulcie September
La première des pistes fut celle du "crime passionnel", qui aurait été commis par Martin, un autre militant anti-apartheid et proche ami de Dulcie September. Très vite, le jeune homme est arrêté par les policiers. À l'époque, Jacqueline Dérens avait choisi de rencontrer Martin, jeune homme d'origine sud-africaine, car il est "la première personne personne que la police française va interroger", peu de temps après les faits, explique-t-elle.
Jacqueline se souvient également de la vigueur des forces de l'ordre, convaincus de la culpabilité du jeune homme. "Ils sont rentrés le matin, vers 5h du matin. Ils l'ont accusé d'élément d'odieux : 'Tu avais des relations avec Dulcie, c'est toi qui l'as assassiné". Ils avaient trouvé le criminel idéal. Malheureusement, Martin a pu montrer que ce n'était pas lui", raconte Jacqueline Dérens.
L'enquête ne s'arrête pas là. Cette première piste se referme, mais une autre s'ouvre : celle d'un règlement de compte entre plusieurs membres de l'ANC. La piste est, à nouveau, rapidement abandonnée. "Diviser pour mieux régner, c'est une méthode assez pratique, estime Jacqueline. Qu'il y ait eu des divergences au sein de l'ANC, bien sûr, mais de là à dire qu'on descendait les gens qui n'étaient pas d'accord avec nous, c'est aller un peu vite en besogne".
Aujourd'hui, l'assassinat de Dulcie September reste un crime non élucidé. Après avoir rejeté une demande de réouverture de l'enquête en 2022, invoquant la prescription et l'absence de recours de la famille de Dulcie September en 1992, le 10 juin 2025, la justice française fait le choix de débouter la famille de la victime, en appel, d'une plainte contre l'État pour "déni de justice" et "fautes lourdes".
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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