C’est le retour du revenu universel. Un revenu que l’État attribuerait à chaque citoyen majeur une allocation mensuelle identique, quel que soit son âge, ses revenus et son occupation. En clair, qu'on travaille ou pas, qu'on soit pauvre ou riche, on toucherait un millier d'euros par mois.
C'est une sorte de filet de sécurité, sans l'effet pervers du RSA par exemple, dont on peut penser qu'il dissuade le retour au travail puisqu'il n'est plus versé à ceux qui ont un emploi à temps plein.
L'idée avait été défendue notamment par le candidat socialiste à la présidentielle de 2017, Benoît Hamon. Et bien voilà qu'elle refait surface. L’Allemagne vient de décider de l’expérimenter. Cent vingt citoyens vont recevoir pendant trois ans 1.200 euros par mois, qu’ils travaillent ou non. Et ils seront étudiés comme des rats de laboratoire par le prestigieux institut économique DIW, et comparés à leurs jumeaux statistiques sans revenu universel.
Le but de cette étude, c'est de comprendre quel effet un tel revenu inconditionnel peut avoir sur la psychologie des bénéficiaires, et sur leur comportement. Vont-ils arrêter de travailler ? Comment leurs revenus vont-ils évoluer ?
Les 120 cobayes ont été recrutés sur près de deux millions de volontaires. Les promoteurs de l’expérience ont été littéralement débordés par le succès de leur appel à candidature. Près de deux millions, c’est évidemment beaucoup, mais on peut aussi s’étonner qu’il n’y ait pas eu encore plus de candidats pour recevoir 1.200 euros par mois sans contrepartie pendant trois ans.
Mais même si les résultats sont concluant, on n'en est pas encore à parler de généralisation. C’est vrai que la crise économique liée à la Covid-19 a fait bouger les esprits. En Allemagne, on le voit. Comme au Royaume-Uni, où 170 parlementaires se sont déclarés pour cette nouvelle prestation, ou encore aux États-Unis, où le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, vient de donner trois millions de dollars à des maires pour, là encore, faire l'expérimentation du revenu universel.
En France aussi, la crise sanitaire a fait bouger les lignes. Regardez ce qui s’est passé pendant le confinement. Des millions de salariés et d’indépendants se sont vus indemnisés par l’État sans contrepartie. Il s’agissait d’une sorte de revenu universel. Alors, certes, ce n'est que temporaire, et c'est évidemment conditionné au fait de ne plus avoir d'emploi. Mais les secteurs éprouvés comme l’aéronautique vont bénéficier de ce dispositif de façon durable, c'est une révolution.
Philosophiquement, ce n’est pas tout à fait la même chose que le revenu universel, parce que ce n’est pas inconditionnel. Mais c’est quand même la collectivité qui se substitue de façon massive aux pourvoyeurs de revenus traditionnels que sont les employeurs. C’est un pas de plus, et un pas de géant, dans l’extension de l’État providence. Et c'est un pas qui a été fait dans presque tous les pays européens.
Reste quand même la question du financement. C’est évidemment la limite du dispositif français : il n’est pas financé. Ou plutôt il est financé en creusant le déficit, pour des dizaines de milliards, c’est-à-dire par endettement. Il n'a été mis en oeuvre que grâce à la désinhibition mondiale sur la dette et la dépense publique, à cause de l'épidémie. En temps normal, nous aurions eu de sérieuses difficultés pour financer cela. Un obstacle qui vaut évidemment pour le revenu universel, très coûteux pour les finances publiques s'il s'ajoute aux prestations sociales existantes sans les remplacer.
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