La chasse aux riches reprend. Activité traditionnelle française, elle se déroule à toutes les saisons, sans garde-champêtre. La dernière ne date pas de si longtemps. C'était l'année dernière, au moment des "gilets jaunes". Et voici qu'elle repart, les chasseurs de riches s'étant, eux aussi, déconfinés.
Le fond du sujet, c'est le financement de cette crise extraordinaire, qui va coûter 300 milliards d'euros, c'est pas loin d'une année de dépenses de l'État. Et, au moins autant, la soif française d'égalité, alors que la récession va frapper des centaines de milliers de ménages, à cause des suppressions d'emploi.
Une partie de la majorité commence donc à évoquer de nouveaux impôts sur les plus fortunés. Et le patron du syndicat CDFT, Laurent Berger, avait lui-même demandé il y a quelques jours une plus forte fiscalité sur le capital.
Plusieurs idées circulent. D'abord, l'augmentation de ce qu'on appelle la Flat Tax, l'impôt sur les revenus du capital, aujourd'hui à taux unique, 30% prélèvements sociaux compris. Ensuite, la création d'une nouvelle tranche d'impôt sur les revenus. Aujourd'hui, le taux le plus élevé est de 45%, il frappe les revenus supérieurs à 158.000 euros par an. À ces taux, s'ajoute, pour les très très gros revenus, une surtaxe de 4%, et pour l'impôt sur les revenus, et pour les revenus du capital. Troisième idée, alourdir l'ISF, qui avait été réformé et allégé en 2018 par Emmanuel Macron.
C'est vraisemblable, non pas tant pour des raisons financières, le surplus de recettes qu'on peut en attendre est sans commune mesure avec le trou budgétaire créé par la crise, que politiques. La pression de la majorité et de l'opinion va être très forte. Et cela même si Emmanuel Macron a fait exactement le contraire il y a à peine trois ans !
Car les temps ont changé. Après avoir abandonné sa réforme des retraites, sa réforme de l'assurance-chômage, l'exécutif pourrait se trouver contraint de revenir sur l'acte symbolique du quinquennat, l'allégement de l'impôt sur les plus fortunés. S'il ne le fait pas, le risque, pour le président, est de se voir frappé de la malédiction qui a emporté ses prédécesseurs.
À chaque fois qu'un gouvernement allège l'impôt des riches, c'est un caillou dans sa chaussure pendant toute la durée de son mandat, et cela lui interdit de gagner l'élection suivante. En 1986, Chirac supprime l'ISF, il est battu à la présidentielle de 1988. En 2007, Nicolas Sarkozy met en place le bouclier fiscal, il est déjà surnommé le président des riches et battu en 2012.
Macron se trouve devant une alternative : se déjuger, en s'aliénant les milieux économiques, à cause des effets pervers que peut avoir l'alourdissement de l'impôt. Ou s'entêter, et compromettre ses chances en 2022. Politiquement, la solution la plus rentable est bien sûr la première. Un tête à queue, c'est pas cher.
L'Insee vient juste de sortir une étude, publiée mardi 12 mai. Les 1% de la population les plus riches sont les célibataires qui gagnent plus de 9.000 euros nets par mois, et les familles avec plus de 19.000 euros. 43% de ces Français habitent en Île-de-France, dont la moitié à Paris même. Ce sont plutôt des couples sans enfants et des séniors. Dans l'argent qu'ils perçoivent, la part des revenus du capital est bien sûr beaucoup plus importante que dans la population générale.
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