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Fleurs déposées devant l'immeuble où a été tué Malik Oussekine (1986)
Crédit : AFP
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Dans l'hiver 1985-1986, le ministre délégué de l'Enseignement supérieur et de la Recherche du deuxième gouvernement Chirac, Alain Devaquet, portait une proposition de réforme universitaire éponyme. Celle-ci prévoyait une entrée sélective dans les universités et la mise en concurrence de ces dernières.
Très contestée, cette proposition de réforme provoque l'organisation d'un soulèvement étudiant. Dans la nuit du 5 décembre, des débordements ont eu lieu en marge d'une manifestation à Paris, notamment des casseurs. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Charles Pasqua, et son ministre délégué à la sécurité, Robert Pandraud, ont alors envoyé des voltigeurs vers minuit. Ce sont des policiers à moto, de façon à se faufiler dans la foule. Deux policiers étaient placés sur chaque moto : l'un d'entre eux conduisait et l'autre était muni d'une matraque pour disperser la foule. L'unité des voltigeurs a été dissoute après la mort de Malik Oussekine.
Malik n'avait pas participé à la manifestation. Il avait passé la soirée dans un club de Jazz rue Monsieur Le Prince, dans le 6ᵉ arrondissement de Paris. À sa sortie de l'établissement, trois voltigeurs l'ont pris en chasse. Un habitant de la rue, qui rentrait chez lui, a assisté à la scène et décidé d'aider Malik en le faisant entrer dans son immeuble.
Les trois policiers ont malgré tout réussi à entrer et ont tabassé à mort le jeune étudiant. Paul Bayzelon, qui a aidé Malik, a témoigné par la suite à la télévision de l'époque. La voix tremblante et le visage abimé par les policiers, il expliquait avoir essayé d'aider Malik pendant que les policiers frappaient, à coups de matraque et de pieds, l'étudiant de 22 ans. D'autres témoins ont assisté à la scène, notamment des personnes qui logeaient dans l'hôtel de l'autre côté du trottoir.
Ces derniers ont appelé le Samu qui est arrivé 10 minutes plus tard et, après avoir tenté de le réanimer, a conduit Malik à l'hôpital Cochin qui se situe à 10 minutes en voiture. Le médecin régulateur du Samu a finalement conclu que Malik Oussekine était décédé dans le hall de l'immeuble. Des rapports de médecins ont ensuite montré que l'étudiant de 22 ans souffrait d'une insuffisance rénale, entrainant une mauvaise résistance physique.
Dès le lendemain, une marche silencieuse est organisée à Paris par le "comité de grève de Dauphine", université dans laquelle étudiait Malik, partant de la Sorbonne (5ᵉ arrondissement), en passant par l'hôpital Cochin (14ᵉ arrondissement) puis par la place d'Italie (13ᵉ arrondissement). La manifestation se déroule sans incident et dans le silence : les quelque 30.000 étudiants et lycéens avaient apporté des fleurs à la mémoire de Malik, qui ont ensuite été déposées devant l'immeuble où il est décédé.
Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité de l'époque, a reçu le lendemain place Beauvau Harlem Désir, président de SOS racisme, Philippe Darriulat, président de l'UNEF-ID, et un des militants de la manifestation de la veille. Le même jour, Alain Devaquet, qui portait la réforme universitaire, a démissionné.
Jacques Chirac, Premier ministre à l'époque, est quant à lui rentré en précipitation de son déplacement à Londres, et a rencontré le président, François Mitterrand, qui a apporté son soutien aux manifestations étudiantes. Dès le début de la semaine suivante, des manifestations s'organisent dans plusieurs villes et le projet de loi est abandonné.
Cet événement est devenu un symbole de la lutte contre le racisme et contre les violences policières. Mercredi, la plateforme de streaming Disney+ dévoilera une série documentaire sur ce drame. Selon le réalisateur de la minisérie, Antoine Chevrollier, à l'AFP, "le temps est venu de raconter nos histoires et dépoussiérer le roman national." En effet, 36 ans après, les questions de racisme et de violences policières sont toujours d'actualité et ont d'ailleurs animé les débats lors de la récente campagne présidentielle.
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