Eurovision 2026 : malgré les menaces de boycott, Israël se prépare déjà à sélectionner son candidat

Israël participera-t-il à la 70e édition de l'Eurovision ? Alors que la guerre à Gaza se poursuit, qu'une commission d'enquête de l'Onu a formellement porté des accusations de "génocide", les membres de l'Union européenne de radio-télévision (UER) ont annoncé se réunir, début novembre, pour voter sur la participation de l'État hébreu au prochain concours.

Pour la KAN, la société nationale de radiodiffusion publique, et la Keshet, l'un des plus grands groupes de médias privés, Israël sera bien de la partie, en mai 2026, à Vienne. Les deux entités ont annoncé poursuivre leur collaboration dans la sélection du représentant israélien, dans le cadre du programme de Keshet 12, "The Next Star for Eurovision". "La décision de KAN d'étendre son partenariat avec Keshet permettra également à la société de réduire les coûts importants liés à la préparation et à la participation au concours", est-il écrit dans un communiqué.

C'est la neuvième année que la KAN et Keshet collaborent ensemble. "Chaque collaboration a permis à Israël de se qualifier pour la Grande Finale, marquée par la victoire de Netta Barzilai en 2018, qui a ramené le Concours Eurovision de la chanson en Israël en 2019", est-il également écrit. Les deux groupes se réjouissent également "qu'au cours des trois dernières années, Israël s'est régulièrement classé dans le top 5", avec Noa Kirel (3e place en 2023), Eden Golan (5e place en 2024) et Yuval Raphael (2e place en 2025).

Les membres de l'UER divisés

Le vote organisé par l'UER doit intervenir après les appels au boycott d'Israël venant de plusieurs pays européens. Dans une lettre envoyée aux directeurs généraux de tous les membres, la présidente de l'UER, la patronne de France télévisions Delphine Ernotte Cunci, explique que le Conseil exécutif de l'organisation "a reconnu qu'il existe une diversité de points de vue sans précédent concernant la participation de KAN", le diffuseur israélien du concours. Le Conseil exécutif estime que l'UER défend "l'inclusion et un dialogue culturel ouvert", mais reconnaît l'impossibilité de parvenir à un consensus concernant la participation israélienne, indique-t-elle.

Les pays européens sont divisés sur le sujet. L'Autriche, pays hôte de l'Eurovision en 2026, a regretté les appels de plusieurs pays européens au boycott. Le ministre allemand de la Culture, Wolfram Weimer, les a également fustigés, affirmant qu'"exclure Israël aujourd'hui, c'est aller à l'encontre de cette idée fondamentale et transformer en tribunal une fête d'entente entre les peuples".

Espagne, Irlande, Slovénie, Islande et les Pays-Bas prêts au boycott

L'Espagne, l'Irlande, la Slovénie, l'Islande et les Pays-Bas ont déjà annoncé qu'ils n'enverraient pas de représentant au concours à Vienne en mai prochain, si Israël est autorisé à participer. L'association de l'audiovisuel public néerlandaise Avrotros avait justifié sa décision par les "sérieuses violations de la liberté de la presse" commises par les Israéliens à Gaza. Elle accuse aussi Israël d'avoir commis "des interférences prouvées lors de la dernière édition, se livrant à une instrumentalisation politique de l'événement". D'autres pays comme la Belgique, la Suède et la Finlande réfléchissent également à un boycott.

De nombreux ex-candidats ont également demandé l’exclusion d’Israël du concours à travers une lettre ouverte, publiée dans The Independent, mardi 6 mai. Ils plaidaient aussi pour l’éviction de la KAN de l’UER. Au total, ils sont 72 anciens participants de l'Eurovision, dont les Français La Zarra (2023), Jessy Matador (2010) ou encore Marie Line (1998), à avoir signé cette lettre ouverte, adressée principalement à l’UER.

JJ, vainqueur l'année passée, a aussi déploré une éventuelle participation d'Israël à la grand-messe de la musique européenne, malgré le blocus total imposé sur le territoire palestinien et les nombreuses offensives meurtrières menées à Gaza.

Les bombardements et les offensives israéliennes sur Gaza ont fait au moins 66.005 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l'ONU. Israël a également pour objectif d'annexer complètement la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.

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