La 92e cérémonie des Oscars s'est achevée au petit matin du 10 février 2020. Heureusement que les films en compétition étaient brillants, car côté organisation, on ne gardera pas cette édition 2020 comme un modèle du genre : plate, terne, assez pauvre visuellement.
L'absence de maîtresse ou maître de cérémonie s'est cruellement fait ressentir, sauf quand d'anciens "Messieurs Loyal" ont enfin fait le show : c'était le cas au début avec le duo Steve Martin-Chris Rock. Féminisme, diversité et politique : tout est dit en quelques vannes : c'est bien et rapidement fait... Sur ce point d'ailleurs, ces Oscars 2020 ont évité le piège des grands messages moralisateurs tout en faisant passer les bons messages.
Ce qu'il faut aussi retenir, c'est le sacre de Parasite de Bong Joon-ho. 4 Oscars et pas des moindres : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur film international. C'est du jamais-vu pour une production non anglophone.
Après le triomphe des Mexicains Roma d'Alfonso Cuarón l'an dernier et La forme de l'eau de Guillermo del Toro en 2018, c'est la preuve que Hollywood a bien entamé sa mue. Parasite Palme d'Or à Cannes, triomphe public partout dans le monde, (1,7 millions d'entrées en France), est donc célébré aux États-Unis. La joie et l'humilité de Bong Joon-ho faisaient plaisir à voir. Il a déclenché une ovation pour Martin Scorsese, puis salue Quentin Tarantino et les autres nommés, ça c'est du panache !
On pense évidemment à la déception de Ladj Ly, dont Les Misérables sera quand même allé en finale. Rien non plus pour la meilleure musique et Alexandre Desplat nommé pour Les Filles du docteur March, c'est Joker qui l'a emporté, ou le fim d'animation où J'ai perdu mon corps a échoué face à Toy Story 4 du géant Pixar. Consolation avec l'Oscar des effets visuels attribué notamment au français Guillaume Rocheron, pour son travail sur 1917.
Pour les Oscars de Meilleur acteur et meilleure actrice, ce sont les favoris qui ont été récompensés. Honneur aux dames avec Renée Zellweger, Oscar de la meilleure actrice pour sa bouleversante interprétation d'une Judy Garland sur le déclin dans Judy, en salles le 6 février 2020.
Chez les hommes, Joaquin Phoenix était incontournable : il l’emporte pour son personnage halluciné et hallucinant de Joker. Beaucoup d'émotion et de sincérité lors de sa montée sur scène. C'est extrêmement rare que Joaquin Phoenix évoque la mémoire de son frère, River, mort dans ses bras d'une overdose en 1993 à l'âge de 23 ans.
Et puis le rayon de soleil de la soirée, là aussi on s'y attendait, mais quel plaisir de voir la joie de Brad Pitt, salué comme Meilleur second rôle masculin pour sa prestation de cascadeur-doubleur dans Once Upon A Time... in Hollywood de Quentin Tarantino qui reçoit aussi l'Oscar des meilleurs décors. Et c'est Laura Dern pour Marriage story qui a reçu l'Oscar du meilleur second rôle féminin.
C'est d'abord une ouverture façon Broadway bien ratée signée Jannelle Monae, mais heureusement à 72 printemps et 25 ans après Le Roi Lion, Sir Elton John reçoit sa 2e statuette pour la chanson inédite de la bande originale de Rocketman : (I'm gonna) love me again. Vers la fin de la cérémonie, la traditionnelle séquence réservée aux disparus de l'année écoulée et sur scène, une prodige de 18 ans, future interprète de la B.O du prochain James Bond : Billie Eilish.