Jordan Bardella s'est rendu en Israël le 25 mars 2025. C'est une première pour un dirigeant du Rassemblement national. À l’époque du Front national de Jean-Marie Le Pen, cela aurait même été complètement inenvisageable.
Il s'agit d'une opération réhabilitation, dont le RN fera certainement la promotion, mais qui est assez opportuniste, et un peu précipitée. D’abord, l’invitation est moins officielle qu’elle en a l’air. Il s’agit d’une invitation du ministre des diasporas, Amichai Chikli, qui était présent à la dernière CPAC, la rencontre des droites populistes – au sens large – organisée par les trumpistes aux États-Unis.
Amichai Chikli, a de grandes ambitions, et espère surfer sur la vague trumpiste en conviant aujourd’hui des gens qu’il a rencontrés dans cette sphère, comme les leaders du parti d’extrême droite espagnol Vox ou de son équivalent suédois, les Démocrates.
Jordan Bardella est en quelque sorte le passager clandestin de cette ambition, ceci n’est pas un quitus officiel israélien donné au RN. Cela fait très longtemps que Marine Le Pen tente de détacher le parti de son histoire, et de son père, connu pour ses multiples sorties antisémites.
Dès son arrivée à la tête du Front national, en 2011, elle rêve, pour elle-même, de se rendre en Israël. Louis Aliot y avait d'ailleurs fait une visite – privée – à cette époque. Maintenant, c'est Jordan Bardella qui saute sur l’occasion, d’autant que le moment semble opportun pour le RN.
Le RN pense d’autant plus pouvoir achever sa dédiabolisation sur le plan de l’antisémitisme que de l’autre côté du spectre, LFI, s’est gravement compromise, laissant prospérer en son sein une rhétorique et même une imagerie antisémite, comme on l’a vu avec l’affiche de Cyril Hanouna. Le Rassemblement National entend jouer sur la comparaison.
Une autre raison conjoncturelle de cette visite est que les dernières législatives ont montré qu’en la matière, le ménage est très loin d’être fini au RN. La campagne a mis au jour des posts racistes ou antisémites de nombreux candidats – on se souvient notamment de cette candidate RN à la casquette nazie.
Donc le but serait d’essayer de tourner la page. Le Rassemblement National est en ce moment même en train de procéder à ce qu’il appelle un audit de ses candidats potentiels, comprenez une purge, pour éviter que cela se reproduise.
Et c’est aussi un enjeu personnel pour Jordan Bardella, qui était le leader du RN aux législatives, et auquel Marine Le Pen avait reproché justement sa légèreté dans la sélection des candidats. Voilà qui éclaire ce voyage en Israël d’une autre lumière.
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