Le député La République en marche (LaREM) du Calvados Christophe Blanchet, dans un courrier à la ministre du Travail Muriel Pénicaud cosigné par 100 députés LaREM, évoque la "frustration" d'une partie des Français qui "ne peuvent ou ne savent comment aider davantage" les soignants qu'en applaudissant chaque soir à 20 heures. Aussi, il propose de légiférer afin de rendre possible de don de congés payés aux soignants.
L'élu propose "que l'on puisse permettre aux salariés qui le désirent et qui le peuvent, dans le public comme dans le privé, de faire don d'une partie de leurs congés payés", au bénéfice "de ceux qui luttent directement contre le coronavirus". Selon lui, l'absence de législation en ce sens constituerait un "obstacle à la fraternité".
Muriel Pénicaud, interrogée lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, a jugé la proposition "très intéressante" et a indiqué que le gouvernement la "soutient pleinement." "Il faut définir les modalités de conversion des jours de repos", a-t-elle ajouté. "Cela soulève tout une série de questions", a-t-elle encore dit, se montrant favorable à "le coupler avec les chèques vacances".
"Un tel dispositif ne représente pas une charge pour l'État ni pour les entreprises car les congés payés sont déjà provisionnés. A titre indicatif, il y a 23 millions de salariés en France, si chacun donne juste un jour de congé, cela fait 23 millions de jours, ou l'équivalent en valeur, dédiés aux personnels soignants", a expliqué Christophe Blanchet.
Ces jours pourraient être donnés "sous forme de chèques-vacances, utilisables aussi bien dans l'offre publique que privée", précise le député, qui évoque une possible proposition de loi en ce sens.
L'élu Les Républicains (LR) Maxime Minot a fustigé dans un communiqué un "plagiat inacceptable" des députés LaREM. Il rappelle avoir déposé le 22 mars dernier une proposition de loi en ce sens, que les députés de la majorité ont pourtant selon lui "refusé de cosigner", alors qu'il affirme avoir "déjà recueilli plus de 50 cosignatures de députés issus de toutes les oppositions"
Son texte porte sur l'instauration d'un "don de jours de repos pour les personnels soignants". L'élu y souligne qu'en l'état de la législation, "seul le don à l'intérieur de la même entreprise pour des salariés qui viennent en aide à un proche atteint d'une perte d'autonomie" grave ou présentant un handicap est possible. L'élu de l'Oise dénonce "une façon de faire révoltante", lançant un appel pour que son texte soit inscrit "à l'ordre du jour en vue de son adoption dans le consensus que ce sujet mérite".
Le député LR Philippe Gosselin a brièvement relayé cette protestation à l'occasion d'une question qu'il posait sur un autre sujet lors de la séance de questions. Pour sa part, le patron des députés LaREM Gilles Le Gendre a dénoncé de la part de LR une "mauvaise polémique, certainement pas à la hauteur des enjeux". "Il faut d'abord qu'on lève les obstacles techniques qui s'opposent à cette excellente idée, ce qui n'est pas mince", a-t-il ajouté, indiquant toutefois être "assez confiant".