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"Ce sera difficile, peut-être plus que ces dernières semaines" : pourquoi le marathon budgétaire est loin d'être terminé pour Sébastien Lecornu

Si Sébastien Lecornu peut se féliciter d'une victoire sur le projet de loi de financement du budget de la Sécurité sociale, le Premier ministre doit encore affronter la suite du marathon budgétaire avec le Sénat et l'examen du budget de l'État. Explications.

Sébastien Lecornu, à l'Assemblée nationale le 4 décembre 2025

Crédit : Bastien Ohier / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Marie-Pierre Haddad

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Un répit de courte durée. L'Assemblée nationale a adopté, le 9 décembre, le projet de financement de budget de la Sécurité sociale. Une importante victoire pour Sébastien Lecornu qui s'est jouée à 13 voix près. Le Premier ministre a arraché, quelques minutes avant le vote, l'abstention d'une partie des députés écologistes et le vote des députés socialistes. Quant aux députés Horizons et Les Républicains, les consignes de vote données tant par Édouard Philippe que Laurent Wauquiez ont été infructueuses. 

Dans la foulée des résultats du vote où 247 députés ont voté "pour" et 234 "contre", le Premier ministre a ainsi salué sur X "une majorité de responsabilité" qui a permis le vote de l'ensemble du texte. Il a cependant fustigé "certains groupes politiques" qui s'inscrivent dans "une opposition systématique" et désignent sans les nommer la France insoumise et le Rassemblement national. 

Cependant, le Premier ministre se refuse à crier victoire. "Dès demain, il faudra travailler à l’adoption d’un budget pour l’État. Ce sera difficile, peut-être plus encore que ces dernières semaines", écrit-il se projetant ainsi sur le match suivant.

La suite la navette parlementaire pour le budget de la Sécu

Et pour cause, le chemin est encore long vers l'adoption d'un budget pour l'année 2026 et les obstacles sont multiples. Le texte, voté par les députés, part désormais chez les sénateurs qui s'attèleront à son examen dès ce mercredi 10 décembre en commission, puis en hémicycle le vendredi 12 décembre. 

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Le Sénat aura alors la possibilité d'amender le texte et d'y apporter des modifications. Le PLFSS reviendra ensuite, en "dernière lecture" à l'Assemblée. C'est alors que les députés auront alors le dernier mot : ils pourront choisir de reprendre des amendements votés au Sénat ou encore de modifier le texte. La configuration de l'Assemblée nationale ne permet donc pas à Matignon de se rassurer avec des projections de vote.

Le budget de l'État débattu au Parlement

L'autre budget. Après le sort du PLFSS, le budget de la Sécurité sociale, les élus s'attaqueront au budget de l'État, le PLF. Les négociations repartiront ainsi à zéro avec de nouvelles rencontres qui seront surement à prévoir entre Matignon, le Parti socialiste et aussi le socle commun composé d'Ensemble pour la République, d'Horizons, des Républicains et du Modem. En première lecture, le volet "recettes" du budget de l'État a été rejeté à la quasi-unanimité par les députés, entraînant le rejet de l'ensemble du texte. 

Le PLF est actuellement examen au Sénat. Un vote solennel prévu lundi 15 décembre. Ensuite, une commission mixte paritaire prendra place, composée de sept députés et de sept sénateurs représentant l'équilibre politique des deux chambres. Ils auront pour mission de s'accorder sur une version dite de compromis sur ce texte. S'ils y parviennent, le texte commun sera soumis pour un ultime vote des deux chambres le 23 décembre.

Le retour de l'hypothèse du recours au 49.3

Signe que la prochaine bataille a déjà débuté : Olivier Faure a adressé un nouveau message au gouvernement. "Si le gouvernement veut reproduire l'exploit de faire voter un PLF comme le PLFSS, il faut qu'il ait la même approche" de compromis, a déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste. 
                   
La question du recours à l'article 49.3 de la Constitution permettant une adoption du budget sans le vote des députés devra à nouveau se poser. Invité de RTL le 9 décembre, François Hollande a appelé Sébastien Lecornu à l'utiliser. "Autant pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la négociation permettait qu'il y ait une adoption", a-t-il indiqué, mais le budget de l'État a, lui, "été assez peu modifié, ou en tout cas pas suffisamment dans la discussion". Il est "impossible de demander à une opposition de s'abstenir", a-t-il ajouté. Sébastien Lecornu continue d'exclure le recours à cet article de la Constitution. 

En cas d'échec de la CMP, ou si le compromis de CMP est rejeté à l'Assemblée le 23 décembre, l'alternative serait le vote d'une loi spéciale avant le 31 décembre, et la reprise des discussions budgétaires début 2026. 

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