Xavier Dupont de Ligonnès : pourquoi sa disparition nous obsède-t-elle autant ?

Un découverte macabre. Le 21 avril 2011 à Nantes (Loire-Atlantique), les policiers retrouvent les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès, mère de famille de 49 ans, et de ses quatre enfants, Benoît, Anne, Thomas et Arthur, âgés de 13 à 21 ans, sont retrouvés enterrés sous la terrasse de leur maison par les enquêteurs. Très vite, un principal témoin et suspect se dessine : Xavier Dupont de Ligonnès, le père de famille de 50 ans.

La dernière trace du quinquagénaire remonte au 15 avril 2011, quelques jours seulement avant la découverte des corps. Dans la foulée, la police entame rapidement des recherches sur Xavier Dupont de Ligonnès, mais celles-ci sont vaines : l'homme demeure introuvable. À ce sujet, Daniel Zagury, ancien expert-psychiatre de 75 ans, a publié L'Énigme publique n°1 (2025, éditions du Seuil).

Depuis les faits de 2011, l'affaire a fait le tour des médias et reste, aujourd'hui, l'une des plus grandes affaires de disparition qui obsède le grand public. À travers son "enquête psychique", Zagury souhaite entrer dans l'esprit de l'un des disparus les plus célèbres de France. Selon lui, Xavier Dupont de Ligonnès s'est donné la mort. Une théorie à laquelle peu de monde croît réellement. "La France entière joue à Où est Charlie ?", lance Daniel Zagury, dans Les Voix du crime.

Son image n'est pas du tout l'image habituelle des criminels.

Daniel Zagury, expert-psychiatre

Très tôt, Daniel Zagury s'est rendu compte d'une chose : les Français s'intéressent peu à celui qu'était Xavier Dupont de Ligonnès. "Je me suis très vite aperçu que les gens n'en n'avaient pas franchement quelque chose à faire de sa vie. Ça n'intéresse pas tellement. La grande question, c'est : 'est-il vivant ou mort ?'. Je pense que cela renvoie à quelque chose d'extrêmement profond", affirme Dr. Zagury. "C'est pourquoi je n'ai pas appelé mon livre "L'ennemi public numéro 1", mais L'énigme publique numéro 1, poursuit-il.

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Selon ce dernier, si l'affaire Dupont de Ligonnès intéresse autant, c'est en partie dû au fait qu'elle ne se résume à un simple fait divers isolé. Elle est, en réalité, un agrégat d'éléments complexes. Le profil du protagoniste est particulier. 

"Son image n'est pas du tout l'image habituelle des criminels. On n'a pas exclusivement du dégoût, de la répulsion, du ressentiment pour lui. Il y a une espèce d'admiration honteuse pour celui qui a défié la police et la justice, et il y a l'intuition que ce qui l'a motivé, c'est quelque chose de mystique", soutient l'expert-psychiatre. 

Il y a une espèce d'admiration honteuse pour celui qui a défié la police et la justice, et il y a l'intuition que ce qui l'a motivé, c'est quelque chose de mystique

Daniel Zagury, expert-psychiatre

Il ajoute : "Et je crois qu'il est dans une place assez particulière qui est celle de l'attente, qui est à la fois une place religieuse, évidemment, la résurrection, le retour, et une place profane, c'est-à-dire le retour du fils prodigue. C'est une place très profonde."

Selon lui, le grand public alimente aussi le mystère autour de la vie ou la mort du protagoniste. "Xavier Dupont de Ligonnès, c'est l'auberge espagnole de nos fantasmes, de notre imaginaire collectif. Tout le monde y met quelque chose. Si vous me demandez : 'est-ce que vous avez la certitude qu'il est mort ?'. Non, je n'ai pas la certitude. Bien sûr, je doute, lance Daniel Zagury. Je ne suis pas dans la croyance. Simplement, l'ensemble des éléments que j'ai pu recueillir m'amène à penser que l'hypothèse de loin la plus probable, c'est celle de sa mort".

 >> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


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