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"Insoupçonnable" (France 2) : qui est Daniel Zagury, ce psychiatre qui a expertisé les pires tueurs en série ?

Ce mardi 24 septembre, France 2 diffuse les deux premiers épisodes de sa série "Insoupçonnable" sur Le Grêlé, tueur en série français identifié 35 ans après ses premiers crimes. Ce documentaire met en scène le psychiatre Daniel Zagury, habitué de telles affaires.

Daniel Zagury joue son propre rôle dans le docu-série "Insoupçonnable" diffusé sur France 2. Il y enquête sur la personnalité du tueur en série Le Grêlé.

Crédit : Philippe LE ROUX - FTV - IMAGISSIME

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On le reconnaît à sa moustache grisonnante qui tombe sur une moue réfléchie. Le visage de Daniel Zagury est peu connu du grand public. Pourtant, il est une star des tribunaux, un psychiatre réputé pour ses expertises des tueurs en série. Ce qui le passionne ? Penser l'impensable, donner du sens à l'insensé, sortir de la dialectique des monstres et de la normalité.

Dans Insoupçonnable, série en quatre épisodes diffusée sur France 2, Daniel Zagury s'adonne à un exercice périlleux : dresser le profil psychologique du Grêlé, sans pouvoir rencontrer ce tueur en série hors du commun qui s'est donné la mort en septembre 2021.

François Vérove, de son vrai nom, a laissé une lettre d'adieu dans laquelle il avoue avoir sévi jusqu'en 1997. Pendant 35 ans, il a échappé à la justice, poursuivant sa vie de gendarme puis de policier, s'engageant même au conseil municipal de sa dernière ville d'habitation.

"L'affaire du Grêlé est unique par son ampleur et sa noirceur", déclare Daniel Zagury en introduction. Seulement il prévient : "Le sensationnel ne m'intéresse pas. Je veux répondre à cette énigme : qu'est-ce qui pousse certains hommes à commettre des actes aussi terribles ?" Une question qui guide son travail depuis les débuts de sa carrière.

Patrice Alègre, Guy Georges et Michel Fourniret

Âgé de 74 ans, Daniel Zagury a dédié sa vie à comprendre la psychologie du mal. A commencer par les pires tueurs en série. Guy Georges d'abord, le tueur de l'Est Parisien, en prison depuis 2001.

Suivront Patrice Alègre, condamné en 2002 à la prison à perpétuité, puis Michel Fourniret, aujourd'hui décédé. L'ex-épouse de ce dernier, Monique Olivier, a été condamnée en novembre 2023 à la prison à perpétuité pour sa complicité dans trois meurtres.

"C'est une histoire d'amour criminelle, un lien très fort, estimait le psychiatre à cette époque sur RTL au sujet du couple Fourniret-Olivier. Les Français n'ont pas voulu accepter l'idée qu'une femme puisse avoir de tels comportements pervers en association avec son mari. Il y a quelque chose qui nous choque presque encore plus quand il s'agit d'une femme et à l'époque d'une future maman qui utilise de tels subterfuges pervers."

C'est la dualité de ces personnalités que Daniel Zagury tente de comprendre. A l'image de François Vérove, les tueurs en série ont l'apparence de "Monsieur-tout-le-monde". Insoupçonnables. Comment expliquer cette personnalité double qui semble être commune aux pires criminels ?

"L'énigme des tueurs en série"

En 2008, Daniel Zagury livrait des pistes de réflexion dans son ouvrage L'énigme des tueurs en série (Plon). L'une d'entre elle concerne "le clivage" qu'il constate chez ces criminels : "C'est justement ce qui fascine le grand public, explique-t-il dans L'Heure du crime, avec quelqu'un qui a une vie apparemment adaptée, apparemment pseudo-normale, et en même temps qui commet des actes épouvantables."

Dans cet entretien, le psychiatre prend l'exemple, justement, du Grêlé. En 2019, François Vérove est candidat d'un jeu télévisé sur France 2. "Il est à l'aise, il est comme nous, et quand nous sommes en face de lui, nous ne pouvons que nous dire : comment est-il possible que cet homme-là ait pu commettre ces actes-là ?"

Le clivage est un mécanisme de survie mis en place par le cerveau, le plus souvent pour assimiler un traumatisme. "Pour ce qui concerne les tueurs en série par exemple, dans l'immense majorité des cas, vous avez des enfances marquées par la carence, les abus, les sévices... parfois même des tortures, donc des enfances très très marquées dans le registre du manque d'amour", résume Daniel Zagury.

Une expertise sans absolu

Pour autant Daniel Zagury ne prétend pas répondre à l'énigme de manière absolue. "Cela m'agace beaucoup quand on dit 'les experts ne nous ont pas aidé à comprendre', confie-t-il au micro de Justine Vignaux, peut-être qu'on ne peut pas donner une explication simpliste, rudimentaire, 'il a tué ou elle a tué pour telle ou telle raison', qui serait simple, c'est ce que j'appelle la quête de la cause coupable. On est tout content, on croit tenir l'explication dernière d'un phénomène complexe. Donc ça, oui, c'est vrai, ça, on ne peut pas le formuler. Ou si on le formule, on va dire des bêtises."

"À partir de là, les éclairages qu'on peut donner sont un tout petit peu plus complexes que quelque chose qui tient en une phrase ou deux, d'autant que la logique de l'inconscient, elle peut faire coexister des contraires, poursuit-il. Si je vous dis 'il a tué par amour et par haine', vous allez me dire 'il dit n'importe quoi'. (...) Et pourtant, pour l'inconscient, les deux peuvent coexister. Voilà."

Une réflexion que Daniel Zagury poursuit dans les quatre épisodes de la série Insoupçonnable sur le parcours du Grêlé, et qui l'a poussé à s'intéresser à d'autres types de criminels. En 2018, il a publié La barbarie des hommes ordinaires. Ces criminels qui pourraient être nous (L'Observatoire), et s'est également illustré dans plusieurs affaires, autres que des crimes en série. Parmi elles, l'affaire Fabienne Kabou dont le procès a été adapté au cinéma par Alice Diop ou encore l'affaire Cahuzac pour laquelle il a été appelé à la barre pour décrypter les mensonges de l'ancien ministre accusé de fraude fiscale.