Pistolet
Luger P06-29, calibre 7.65 millimètres Parabellum : derrière cette
fiche technique se cache l'arme qui, dans l'après-midi du 5 septembre
2012, a été utilisée pour ôter la vie à quatre personnes sur les
hauteurs de Chevaline (Haute-Savoie) : celle de Sylvain Mollier, un
cycliste français et celles de trois citoyens britanniques, la
famille Al-Hilli. Deux petites filles, 7 et 4 ans, ont échappé au
massacre.
Plus
de dix ans après les faits, ce pistolet, considéré comme arme de
collection, est devenu le fil rouge de cette affaire non résolue. Le
moyen le plus solide pour les juges du pôle "cold cases" de parvenir à la
vérité.
Actuellement, toute l'enquête sur la tuerie de Chevaline est en train d'être discrètement revue et analysée afin de retrouver l'individu qui a tiré à au moins 21 reprises, rechargeant sans trembler son arme pour viser ses victimes de la même façon... Va-t-on faire la lumière sur cette tragédie ?
Mercredi 5 septembre 2012, il est 15h17 quand les Al-Hilli, une famille britannique d'origine irakienne, joue les touristes au bord d'un torrent de montagne à Arnand, à quelques mètres seulement du village de Chevaline (Haute-Savoie).
On entend des rires et l'humeur n'a jamais été aussi joviale comme en témoignent les ultimes photos qui ont été prises dans ce cadre idyllique. Saad Al-Hilli, habillé en polo bleu, la cinquantaine, pose avec sa fille ainée Zainab, 7 ans. À ses côtés, on voit aussi son épouse Iqbal, en longue jupe en jean, qui tient dans ses bras la petite Zeena, 4 ans. Deux petites filles espiègles. Derrière l'objectif, la grand-mère des enfants, Suhaila, qui sourit devant le portrait de famille. Rien ne laisse présager une fin tragique qui va les frapper dans dix minutes.
C'est au camping Solitaire-du-Lac, où leur caravane est stationnée que les Al-Hilli sont tombés sur une brochure, vantant le charme de cette petite route forestière de la Combe d'Ire qui se termine en cul-de-sac. Dans trois kilomètres, la famille va ainsi se retrouver sur un petit parking adossé à une profonde forêt.
William Brett Martin, un ancien pilote de chasse britannique, se souvient avoir été dépassé par le break bordeaux des Al-Hilli alors qu'il pédalait sur son VTT. Peu auparavant, il avait été dépassé par un cycliste portant un cuissard et un maillot blanc rouge et noir et roulant bien plus vite que lui.
À 15h38, Brett Martin arrive à son tour au bout de la route, sur le parking du Martinet. Son regard se fixe sur une silhouette qui titube puis s'écroule face contre terre. Une petite fille. Il dira "qu'elle n'a pas parlé mais a juste poussé un cri très bref après avoir chuté". "Elle était vivante, je l'ai déposée dans un coin du parking" indiquera selon le journal Le Parisien, William Martin aux enquêteurs.
L'ex-militaire aperçoit le cycliste qui l'avait doublé, il est au sol, le regard fixe. "J'ai immédiatement pensé qu'il était mort". À quelques mètres, le break BMW qui l'a dépassé quelques minutes avant. Le moteur tourne encore. Au volant, le conducteur à la tête penchée vers l'avant : il est mort. Sur la banquette arrière, deux femmes l'une à côté de l'autre, sont mortes également.
Sur le parking du Martinet, les gendarmes et les secours découvrent une scène de rare violence, un "carnage". Zainab, sept ans est placée immédiatement en réanimation. Il ne lui faudra pas moins de neuf ans pour que des bribes de souvenirs lui reviennent. À l'été 2021, elle va ainsi raconter que quand les premières détonations ont éclaté, son père et sa mère l'ont appelée pour qu'elle revienne à la voiture. Mais elle se souvient qu'un homme l'en a empêché en l'empoignant par-derrière. Elle évoque seulement des "mains blanches" un " blouson et un pantalon en cuir", une tenue qui fait penser à une tenue de motard.
La petite fille a reçu une balle dans l'épaule, puis des coups de crosse. Sans doute le tueur n'avait plus de munitions, ou alors son arme s'est enrayée. Elle a été laissée pour morte.
Sa petite sœur, Zeena, 4 ans, est découverte saine et sauf huit heures plus tard, vers les alentours de minuit. La petite fille s'était cachée entre les jambes de sa mère et de sa grand-mère, le tireur ne l'a pas vue. Au gendarme qui la prend dans ses bras pour la rassurer, elle évoque tout de suite de "mauvaises personnes" qui ont fait beaucoup de bruit.
Pour les gendarmes, impossible de déterminer avec certitude qui a été tué en premier. Le seul élément dont ils sont certains est qu'une seule arme a été utilisée. Après quelque temps est établi qu'il s'agit d'un pistolet spécial, un Luger 7,65 Parabellum.
21 balles au total ont été tirées et 17 ont touché leurs cibles. Sylvain Mollier, 45 ans, cycliste et
habitant de la région a sans doute été abattu en premier. Il est le
seul à avoir reçu cinq balles en plein visage. Puis, une dernière balle
pour l'achever alors qu'il était déjà au sol. Sportif et dynamique, la
question se pose, le cycliste aurait-il voulu se défendre et affronter
le tireur ?
Les époux Al-Hilli ont été tués de quatre balles, trois projectiles ont touché la grand-mère. Toutes les victimes ont été touchées à la tête, la petite Zainab a reçu une seule balle isolée sur le parking. "Le tueur est un tireur aguerri qui n'a pas beaucoup de limites mentales", un déséquilibré, un tueur à gages, un militaire" énumère Éric Maillaud, qui était à l'époque procureur à Annecy.
La fusillade s'est déroulée de façon très mécanique, en seulement 90 secondes, selon les experts. Qui le tireur voulait-il viser ? le mystère reste entier car les Al-Hilli et le cycliste ne s'étaient jamais rencontrés de leur vie.
Dans le village de Chevaline, les questions persistent : qui a bien pu décimer cette famille et ce cycliste de sang-froid ? L'épais mystère criminel persiste encore aujourd'hui.
- Dominique Rizet, journaliste,
présentateur d'Affaire Suivante sur BFM et co-présentateur de Faites
entrer l'accusé sur RMC
- François Daoust, ancien patron de l’IRCGN
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