À l'automne 2009, Jacques Delisle, un magistrat respecté de la Cour d'appel de Québec, et fraîchement retraité, se retrouve au centre d'une mort qui pose bien des questions : celle de son épouse. L'ancien juge, 74 ans, lui explique tout de suite que son épouse, Nicole Rainville, 71 ans, s'est tirée une balle dans la tête. Elle s'est suicidée, car elle ne supportait plus la dégradation de son état physique. Elle était paralysée du côté droit à la suite d'un accident vasculaire cérébral.
Pourtant, le magistrat est placé sous surveillance. Lors d’une filature, il est surpris plusieurs fois en compagnie d'une certaine Johanne Plamondon, mariée, 54 ans, secrétaire au palais de justice et la maîtresse de Jacques Deslile depuis deux ans. Un mobile de meurtre parfait pour les enquêteurs. Le 15 juin 2010, Jacques Delisle est mis en accusation pour le meurtre de Nicole Rainville.
Les balisticiens de la police du Québec mènent plusieurs expériences sur le corps de la victime. Selon eux, la malheureuse avait effectué un ultime geste de défense. Dans le cas de Nicole affaiblie et lourdement handicapée, il est impossible de placer sa main près de l'ouverture du canon et de presser sur la détente.
11 mai 2012, deux ans et demi après la mort de Nicole Rainville, Jacques Delisle, 77 ans, comparait devant la Cour criminelle de Québec pour y être jugé. Le 23 mai 2012, après douze jours de procès, la maîtresse de l'ancien juge est entendue. Quelques mois avant l'AVC de l'épouse, Delisle lui avait proposé de vivre avec lui. Pour l'accusation, le mobile est sentimental et financier, comme se débarrasser d'une épouse devenue gênante. Le 12 juin 2012, après trois jours de délibérations, l'ancien juge est condamné à la perpétuité sans libération possible avant vingt-cinq ans. Pourtant, une expertise inattendue va voler à son secours.
Delisle déclare qu'il a caché la vérité. Le matin du drame, Nicole lui
a demandé d'aller chercher son pistolet. Elle ne voulait plus vivre, il lui
aurait alors remis l'arme après l'avoir chargée. Il raconte lui avoir demandé
de bien réfléchir avant de passer à l'acte, qu'il a même tenté de
la dissuader, puis a quitté l'appartement.
La contre-enquête ne s’arrête pas là. Le docteur Michael Shkrum accusé
son confrère de n’avoir pas suffisamment examiné le cerveau. Il n’a pas pu
identifier la trajectoire du projectile dans la tête de la victime, car les fameuses coupes du
cerveau - qui auraient dû être conservées, ont disparu. Pas de photos non plus des fameuses coupes. Ont-elles vraiment
existé ? Un balisticien indique que le suicide est possible grâce à un
tir effectué non pas à 30 degrés, comme l'affirme l'autopsie, mais à 90
degrés, le doute s'installe. Jacques Delisle saisit alors le
ministre de la Justice qui va mettre six ans à lui répondre.
Le 8 avril 2021, après un an de réflexion, les magistrats concluent à l'inutilité d'un nouveau procès. Ils optent pour l'arrêt pur et simple de la procédure. Après neuf ans de pénitencier, l’ancien juge Jacques Delisle, bientôt 87 ans, est déclaré libre et innocent.
Kathryne Lamontagne, journaliste au bureau d'enquête de Québecor et auteure du livre « Le Dernier Procès » aux éditions Stanke
Stéphane Berthomet, ancien policier
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