Toute cette semaine, RTL revient sur l'un des plus grands mystères criminels de ces dernières années : la tuerie de Chevaline. Le 5 septembre 2012, trois membres d'une même famille de touristes britanniques, les Al-Hilli sont retrouvé morts criblés de balles sur un parking au bout d'une petite route forestière en Haute-Savoie, à côté du village de Chevaline. Un cycliste git aussi dans son sang, abattu par le ou les tueurs. Seules deux petites filles de 4 ans et 7 ans ont survécu, la plus grande a été violemment frappée avec la crosse de l’arme.
Presque dix ans plus tard, l'enquête est au point mort. Pas d'auteur et surtout pas de mobile. En février dernier, la nouvelle procureure d’Annecy Line Bonnet a dit avoir "bon espoir" que le mystère soit un jour résolu, même si aucun nouvel élément n’a permis d’avancer. Trois enquêteurs de la section de recherches de Chambéry travaillent sur le dossier, ils ont une nouvelle fois repris les scellés un à un pour tenter de trouver un fil à tirer.
Première énigme de cette affaire, mère de toutes les autres, l’introuvable mobile. Trois pistes principales sont apparues dès les premières heures de l’enquête, mais elles n’ont été ni confirmées ni démenties.
D'abord, la vengeance familiale sur fond d’héritage contesté au sein de la famille Al-Hilli. Saad Al-Hilli, abattu aux côtés de son épouse et de sa belle-mère, était en conflit avec son frère Zaid pour l’héritage de leur père. Ce dernier aurait tenté de modifier le testament à son profit et de retirer des fonds en Suisse. Il a été entendu en 2014 mais sans suite. Le père avait aussi des propriétés en Irak. Mais malgré des perquisitions chez le frère et la traduction de documents venus d’Irak, les investigations n’ont pu impliquer Zaid davantage.
Deuxième piste, un contrat, une exécution par un tueur professionnel, même si l’usage d’une arme de collection semble contradictoire avec cette hypothèse, ainsi que le nombre de balles tirées : Vingt-cinq douilles ont été retrouvées sur place. Ce qui a longtemps semblé soutenir cette hypothèse est le mystère qui entoure le père Saad Al-Hilli. L’ingénieur britannique travaillait dans l’aéronautique dans un domaine de pointe, les microsatellites. Son entreprise ne fournissait pas les militaires, mais selon plusieurs témoignages, Saad Al-Hilli utilisait massivement des serveurs aux États-Unis pour sauvegarder des documents.
Troisième piste enfin, celle d’un crime d’opportunité par un tueur en série ou un psychopathe qui par malheur aurait croisé la route des Al-Hilli. Aucune d'elles n’a pris le pas sur l’autre à ce jour.
En revanche, la tuerie de Chevaline laisse aussi cours aux hypothèses les plus folles. L'ombre de Nordal Lelandais a un moment été projetée sur l'affaire. L’assassin de Maëlys et d'Arthur Noyer habitait alors à 50 kilomètres de Chevaline et est un ancien militaire. Or, l'arme du crime, le Luger P06, a été utilisée notamment dans l'armée suisse. Une fausse piste rapidement écartée.
Le cycliste de la région, Sylvain Mollier, intrigue aussi. Était-il la cible principale ? Les gendarmes ont interrogé une de ses connaissances, un ancien légionnaire qui s'est suicidé quelques semaines plus tard. Aveux post mortem ? Rien n'a jamais étayé cette hypothèse.
Dernier rebondissement en 2021 : le lien possible avec une cellule criminelle au sein d'une loge franc-maçonne impliquant d’anciens agents de la DGSE et de la DGSI accusés d’un assassinat et de deux tentatives d’assassinat, et démantelée à l’automne 2020. Les policiers retrouvent en effet chez un des acteurs des munitions pouvant correspondre à l'arme de Chevaline. Mais c'est de nouveau une impasse.
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