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Frédéric Péchier devant le tribunal le 9 septembre 2025 dans le cadre de son procès.
Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP
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L'avocate générale Thérèse Brunisso a été gagnée par l'émotion, vendredi 12 décembre, en concluant la longue liste d'empoisonnements - 30, dont 12 mortels - imputés à l'anesthésiste Frédéric Péchier, au deuxième jour des réquisitions devant la cour d'assises du Doubs.
La salle d'audience s'est figée à l'évocation du cas de Teddy, âgé de 4 ans lorsque son cœur s'est arrêté en 2016. "Dans ce cas-là", a déclaré l'avocate générale, "on touche au tabou suprême : s'en prendre à un enfant." À l'audience, Frédéric Péchier a reconnu que dix des 30 cas qui lui étaient imputés étaient bien des empoisonnements, mais il a nié celui concernant le jeune garçon.
"Pourquoi ?", a-t-elle demandé, sa voix résonnant dans le silence de la salle. Avec la seconde représentante du ministère public, Christine de Curraize, elles ont poursuivi leur réquisitoire débuté la veille et qui doit s'achever dans l'après-midi. Le père de Teddy, désormais adolescent, assiste chaque jour au procès depuis trois mois, les bras croisés, concentré.
Les deux avocates générales se sont efforcées de convaincre les jurés que chaque cas de cette "affaire totalement hors norme", marquée par "le tabou social du meurtre médical", est bien un empoisonnement et que "tout désigne" le médecin de 53 ans comme coupable.
L'accusé "n'est évidemment ni Guy Georges, ni Michel Fourniret, il n'en est pas moins un tueur en série", a insisté Thérèse Brunisso. Qualifié de "menteur" et "manipulateur", Frédéric Péchier est un "criminel qui a utilisé la médecine pour tuer", ont martelé jeudi les deux magistrates.
Selon elles, le praticien a pollué des poches de perfusion avec du potassium, des anesthésiques locaux, de l'adrénaline ou encore de l'héparine, pour provoquer un arrêt cardiaque ou des hémorragies chez des patients pris en charge par des confrères. Son objectif: nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit.
Frédéric Péchier est aussi responsable du "meurtre psychologique" de ses confrères, traumatisés par la perte de leurs patients, a souligné Christine de Curraize vendredi matin à la reprise de l'audience. Elle a évoqué avec émotion la descente aux enfers de l'anesthésiste Colette Arbez, qui a été à "sept reprises la cible de Frédéric Péchier", soit près d'un quart des empoisonnements présumés.
Ces incidents cardiaques à répétition ont mené les collègues de Colette Arbez à "douter de ses capacités à prendre en charge ses patients", jusqu'à l'exclure des blocs opératoires pour la cantonner aux consultations ou aux interventions ophtalmologiques, moins à risque. Même en ophtalmologie, un de ses patients, âgé de 79 ans, venu se faire opérer de la cataracte, est décédé. Cela a été le "coup de grâce" qui a provoqué le départ définitif de la clinique du docteur Arbez.
Très affectée par la perte de ses patients, cette "femme pétillante et pimpante", qui approchait de la fin de sa carrière, "est devenue l'ombre d'elle-même", a raconté la seconde représentante du ministère public. Elle "est partie du jour au lendemain, comme une malpropre". Pour la magistrate, avec ce départ, Frédéric Péchier a atteint son objectif : "éliminer" sa consœur.
Comment cet homme, père de famille aimant, peut-il révéler une telle dualité, celle d'un criminel s'en prenant à un enfant ? Pendant l'exposé implacable de l'accusation, l'accusé est resté imperturbable, relisant ses notes, écoutant attentivement, aux côtés de sa sœur Julie Péchier et de Randall Schwerdorffer, ses deux conseils.
Depuis l'ouverture du procès, où il comparaît libre, il a admis qu'un empoisonneur avait bien sévi dans l'une des deux cliniques privées où il a travaillé, mais a constamment répété qu'il n'était pas cet empoisonneur.
Lundi, "on développera notre argumentaire en défense", pour plaider l'acquittement, a indiqué son avocat. "Je n'ai aucun doute que la cour d'assises écoutera cet argumentaire et j'espère qu'il sera entendu", a-t-il insisté. Interrogé jeudi soir par les journalistes sur les mots des avocates générales, qui voient en lui un "serial killer", Frédéric Péchier a répondu de manière lapidaire: "C'est leur avis. On verra à la fin." Le verdict sera rendu d'ici le 19 décembre.
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