"C'est très lourd" : au procès de Frédéric Péchier, le témoignage poignant d'un ex-ami accusé par la défense d'être l'empoisonneur

Un moment intense et crucial, au neuvième jour du procès de Frédéric Péchier. L'anesthésiste est accusé de 30 empoisonnements volontaires dont 12 mortels à Besançon et risque l'emprisonnement à perpétuité. Il clame son innocence. Jusque tard, dans la soirée du 18 septembre, a eu lieu le premier face à face entre l’accusé et Sylvain Serri, son ancien ami et collègue anesthésiste devenu son ennemi après une dispute en 2016.

Depuis le début de l’enquête, la défense accuse Sylvain Serri d’être l’empoisonneur. D’emblée, l'avocate générale a directement attaqué en évoquant ces accusations : "Ça fait quoi d'être accusé pendant huit ans d'être l'empoisonneur de la clinique Saint-Vincent ?" À la barre, la silhouette imposante de Sylvain Serri s'est alors effondrée, l'homme a fondu en larmes : "C'est lourd, c'est très lourd". 

La défense de Frédéric Péchier entretient le doute depuis le début de l'affaire en s'appuyant un argument majeur concernant l'accident cardiaque d'un patient, Jean-Claude Gandon, en janvier 2017. Selon la défense, c'est Sylvain Serri qui aurait diagnostiqué très rapidement - trop rapidement, assure-t-elle - l'intoxication aux anesthésiques locaux du patient.

Lors de l'audience, l'avocat de Frédéric Péchier a ainsi mis en miroir le désarroi de Sylvain Serri, accusé à tort, et celui de son client. "Et si Frédéric Péchier était innocent ?" Celui qui a été son ami a alors répondu : "Je peux comprendre sa souffrance s'il est innocent." Frédéric Péchier, lui, n'a pas lâché des yeux un seul instant son ami d'alors, celui qui avait organisé ses 40 ans en Afrique du Sud, celui qui n'a plus un regard pour lui, persuadé de sa culpabilité.