Elle a été inhumée, sans bruit, ce mardi 28 juillet. Jacqueline Sauvage est morte le jeudi 23 juillet dernier. Elle est devenue une figure des violences faites aux femmes. Après avoir souffert pendant 43 ans de la violence de son mari, Jacqueline Sauvage l'a tué de trois coups de fusil. Condamnée, elle a finalement été graciée par François Hollande.
1964. Jacqueline Sauvage a 16 ans. Elle rencontre Norbert. "C'était le beau gosse du coin, un dur au cœur tendre, c'est ce qu'elle croyait", explique Isabelle Choquet, dans un portrait qu'elle lui a consacré. Progressivement, Norbert devient violent. Mais elle ne dit rien : elle a vu sa mère être ainsi battue.
10 septembre 2012. Jacqueline et Norbert ont eu quatre enfants. Jacqueline ne le sait pas, mais deux jours plus tôt, leur fils Pascal s'est suicidé. Ce 10 septembre, Pascal hurle : "je vais crever tes gosses." "J'ai fermé les yeux et tiré trois fois. J'ai éliminé mon mari que j'ai passionnément aimé", raconte plus tard Jacqueline Sauvage.
12 septembre 2012. Jacqueline Sauvage est incarcérée à la maison d'arrêt d'Orléans à sa sortie du palais de justice de la ville. Le juge d'instruction la met en examen pour assassinat, estimant ainsi qu'il y a eu préméditation. Elle a expliqué avoir tué son mari après une énième violente dispute. Les trois filles de la suspecte ont confirmé la violence de leur père.
28 octobre 2014. Après cinq jours, le procès de Jacqueline Sauvage se termine aux assises du Loiret. Jacqueline Sauvage risquait la prison à perpétuité. Elle est finalement condamnée à 10 ans de prison : la préméditation n'a pas été retenue. Mais elle fait appel de ce jugement.
3 décembre 2015. La cour d'assises de Blois confirme la peine de Jacqueline Sauvage : elle est de nouveau condamnée à 10 ans de prison pour meurtre aggravée sur conjoint. Le verdict est décrit de nouveau comme "injuste" par les avocates de Jacqueline Sauvage. Avec une période de sûreté automatique et incompressible de cinq ans, elle doit rester en prison jusqu'à début 2018.
23 décembre 2015. Pour faire libérer leur mère, les filles de Jacqueline Sauvage demandent au président de la République, François Hollande, de gracier leur mère, comme l'article 17 de la Constitution lui en donne le droit. François Hollande est par principe opposé à cette pratique jugée archaïque.
31 janvier 2016. François Hollande a reçu la famille de Jacqueline Sauvage. Après réflexion, il accorde à Jacqueline Sauvage une "remise gracieuse" de peine "de 2 ans et 4 mois" portant aussi sur "l'ensemble de la période de sûreté qu'il lui reste à accomplir". Un compromis entre la demande de la famille et son opposition à la grâce. Jacqueline Sauvage peut ainsi être libérée dès le mois d'avril 2016.
12 août 2016. Jacqueline Sauvage a déposé une demande de libération conditionnelle. Cette demande est rejetée par le Tribunal d'application des peines (TAP) de Melun (Seine-et-Marne). Après avoir fait appel, le rejet est confirmé le 24 novembre 2016. Jacqueline Sauvage reste en prison.
2 décembre 2016. Une pétition a été lancée et a récolté 300.000 signatures pour la libération immédiate de Jacqueline Sauvage. De nouveau, les filles de Jacqueline Sauvage font une demande de grâce totale pour leur mère. Dès le 9 décembre, l'Élysée annonce qu'il n'y aura pas de grâce totale.
28 décembre 2016. L'Élysée annonce finalement la grâce de Jacqueline Sauvage. Elle sort immédiatement de prison, libre. Le 6 janvier, dans une interview télévisée, Jacqueline Sauvage affirme : "je ne suis pas du tout coupable." Elle est morte le 23 juillet 2020.