"La France est en guerre". Tout le monde se souvient de la phrase prononcée par François Hollande devant le Parlement, le 16 novembre 2015. Trois jours avant, Paris avait été la cible d’une attaque terroriste, la plus meurtrière depuis le Seconde guerre mondiale, faisant 131 morts et des centaines de blessés.
Dès le lendemain, Manuel Valls, alors Premier ministre, avait embrayé sur ce discours martial. "Oui, nous sommes en guerre", "nous agirons et nous frapperons cet ennemi jihadiste pour le détruire en France, en Europe, en Syrie et en Irak", avait-il déclaré.
Une guerre qui a commencé en réalité bien avant. C’est en 2012, que la menace terroriste a commencé à changer d’échelle et de nature, même si personne ne pouvait encore imaginer l’ampleur qu’allait prendre le phénomène jihadiste, le renforcement des lois sécuritaires qui allaient en découler et leurs conséquences qui allaient bouleverser notre quotidien.
En France, tout a basculé avec les tueries de Toulouse et Montauban, perpétrées par le terroriste Mohamed Merah entre le 11 et le 19 mars 2012. Cet islamiste franco-algérien appartenant à la nébuleuse Al-Qaida, a tué 7 personnes, dont 3 militaires et 3 enfants juifs, et en a blessé 6 autres, avant d’être abattu le 22 mars, au terme d’une intervention de 30 heures du RAID à son domicile.
Depuis, les textes de loi se sont empilés pour renforcer les capacités de surveillance, et la protection face aux actes terroristes. La loi a d’abord modifié le Code pénal pour permettre de poursuivre les actes de terrorisme commis par des ressortissants français à l'étranger et les personnes ayant participé à des camps d'entraînement terroriste à l'étranger.
En 2014, une loi interdit les sorties du territoire, pour entraver les départs de Français candidats au jihad en Syrie et en Irak. Le texte crée par ailleurs un "délit d'entreprise terroriste individuelle", conçu comme un nouvel outil contre les "loups solitaires". Il renforce aussi la répression de l'apologie du terrorisme et de la provocation à des actes de terrorisme, permettant notamment le blocage administratif de sites internet.
En 2015, six mois après les attentats de janvier 2015, une loi relative au renseignement entre en vigueur et fixe de nouvelles possibilités pour la surveillance numérique. Exemple : les services de renseignement peuvent installer des "boîtes noires" chez les fournisseurs d’accès à Internet afin de détecter d’éventuelles menaces terroristes.
Depuis 2016, les agents de la RATP et de la SNCF sont autorisés à mener des palpations de sécurité et de fouiller les bagages aléatoirement. Des enquêtes administratives sur des personnes occupant des fonctions sensibles au sein d'une entreprise sont également possibles. En outre, le parquet obtient des pouvoirs d'enquête supplémentaires (la captation de données informatiques, par exemple) qui étaient jusque-là réservés au juge d'instruction, et les perquisitions de nuit sont désormais autorisées.
En juillet 2016, le gouvernement a annoncé la reconstitution de la "garde nationale" composée de réservistes de l’armée, de la police et de la gendarmerie, et de volontaires. Au total, sur les 70.000 hommes et femmes prêts à renforcer la sécurité des Français, 7.300 réservistes en moyenne sont mobilisés chaque jour sur le territoire.
L’état d’urgence, ce régime d’exception adopté le soir des attentats du 13 novembre et resté en vigueur 719 jours, a pris officiellement fin le 1er novembre 2017. Il a permis, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, de transférer au ministère de l’Intérieur des pouvoirs réservés à l’autorité judiciaire.
Quatre dispositions spéciales permises par ce régime d’exception sont toutefois restées vigueur. Ainsi les assignations à domicile, les perquisitions administratives, les zones de sécurité et la fermeture des lieux de culte ont été transposées dans le droit commun par la loi antiterroriste votée l'Assemblée nationale le 3 octobre 2017.
Cette opération, lancée le 1er août 2014, en concertation avec le "G5 Sahel", c'est-à-dire le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, a pour objectif de coordonner la surveillance de la région et de faire circuler les informations entre les pays pour mieux lutter contre le terrorisme.
Cinq ans plus tard, sur les 4.500 soldats français mobilisés, 31 militaires sont tombés dans l’exécution de leur mission, a indiqué le ministère des Armées fin novembre. Avec une question : cette opération de très longue durée a-t-elle été efficace ?
Si l'objectif de cette opération était d'éradiquer le terrorisme au Sahel, alors c'est un échec. Jamais les groupes islamistes n'ont été aussi actifs. En revanche, ce qu'il faut mettre au crédit de l'opération Barkhane c'est que sans la France, la situation serait largement pire.
L’année d’après, le 27 septembre 2015, la France réalise ses premières frappes aériennes en Syrie. Si l’ennemi reste Bachar Al-Assad, et l’objectif de protéger les civils, la priorité de cette intervention est sans aucun doute d’attaquer Daesh. Tous les alliés s’accordent alors pour affaiblir l’organisation islamiste dont les principales infrastructures se trouvent en Syrie, dont les centres de commandement et de propagande, les réserves de minutions mais aussi les combattants eux-mêmes.
Au lendemain des attentats de Paris en novembre 2015, François Hollande ordonne "l'intensification" des opérations des frappes contre le groupe Etat Islamique en Syrie, mais aussi en Irak.
Après des années de combats, en mars 2019, le dernier territoire tenu par le groupe Etat islamique en Syrie a été éliminé. "Je rends hommage à nos partenaires et aux armées de la coalition internationale, dont la France fait partie. Ils ont combattu les terroristes avec détermination, pour notre sécurité. Nous n'oublions pas les victimes de Daech", a alors écrit Emmanuel Macron sur son compte Twitter tout en précisant : "La menace demeure et la lutte contre les groupes terroristes doit continuer".
Le chef de l'État a rappelé l'implication de la France, qui à hauteur de 1.200 militaires a participé aux opérations de la coalition internationale contre l'EI. Ils sont mobilisés via des opérations aériennes, des forces spéciales en Syrie, de l'artillerie et des formations de l'armée irakienne.
L’année 2019, comme toutes les précédentes depuis 2012, a, elle aussi, été marquée par des attaques meurtrières. À Lyon, à Bayonne et le 3 octobre à la préfecture de police de Paris, où un assaillant, un informaticien aux services