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Abdelkader Merah : un procès hors-norme

RÉCIT (1/5) - Le procès d'Abdelkader Merah et Fetah Malki s'est tenu plus de 5 ans après les assassinats commis par Mohamed Merah, du 2 octobre au 2 novembre 2017. Il ouvre une ère nouvelle dans la justice française, confrontée au terrorisme islamiste.

Abdelkader Merah lors du réquisitoire du ministère public le 30 octobre 2017
Abdelkader Merah lors du réquisitoire du ministère public le 30 octobre 2017
Crédit : Benoit PEYRUCQ / AFP
Cécile De Sèze
Cécile De Sèze

"L'audience criminelle est ouverte, vous pouvez vous asseoir". Lundi 2 octobre, 10h30, la sonnerie a retenti, le public entier de la salle Voltaire se lève alors à l'entrée de la cour d'Assises spécialement constituée et du président pour ce procès qui s'annonce historique. Ce ne sont pas des citoyens mais des magistrats professionnels qui siègent aux côtés de Franck Zientara. Pendant 5 semaines, la justice française va écouter les interrogatoires, témoignages, questions, pour déterminer si oui ou non les accusés sont coupables des faits reprochés. 

Dans le box vitré, en-dessous d'une fresque de Pelletier majestueuse, le visage d'un nom tristement célèbre et connu du grand public : Merah. Mohamed, qui a tué 7 personnes (trois enfants, trois militaires et un homme de 30 ans) les 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban, a été abattu par le RAID le 22 mars 2012 lors d'un assaut mené après 32 heures de négociations. 

Son grand frère, Abdelkader, est jugé pour complicité d'assassinats terroristes et association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste. À ses côtés, Fettah Malki est accusé d'avoir prêté l'arme avec laquelle le terroriste a exécuté les victimes de l'école juive de Toulouse, et de lui avoir vendu le gilet par-balles qu'il portait lors de l'assaut.

Résultat, la cour a rendu son verdict après 8 heures de délibéré, jeudi 2 novembre : Abdelkader Merah est reconnu coupable d'association de malfaiteurs terroriste et écope de 20 ans de réclusion criminelle, mais il est jugé innocent de la complicité des assassinats commis par son frère. Fettah Malki, aussi jugé coupable d'association de malfaiteurs, est condamné à 14 ans de prison. Une décision qui met fin à 23 jours d'un procès hors-norme, tant pas le fond que par la forme.

Le terrorisme islamiste aux Assises

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Dans le box, Abdelkader Merah, 35 ans, est accusé de complicité dans des attentats terroristes. Les premiers en France depuis 1996 ; les premiers revendiqués par al-Qaïda ; les premiers attentats jihadistes "modernes", suivis de vagues en 2015, 2016 puis 2017 en France et en Europe. "Les faits que nous avons à juger sont terribles", commence le président lors de sa première prise de parole.

C'est la première fois qu'un enfant français, qui a grandi dans le pays, animé par la haine de la France, part se former en zone de guerre pour revenir assassiner ses compatriotes. Pas n'importe lesquels : trois militaires - parce qu'ils représentent l'État - et quatre juifs, dont trois enfants de 3, 5 et 8 ans. "Les faits ont créé un émoi important dans l'opinion", rappelle, dès ses premiers mots, le président à la cour et au public. L'assaillant d'alors 23 ans est devenu une référence dans le milieu jihadiste.

Ce procès, comme le soulignent les avocats des parties civiles pendant leurs plaidoiries et l'avocate générale lors du réquisitoire, servira d'exemple pour les affaires à suivre. Au vu de sa durée et de son caractère exceptionnel, les parties civiles réclament une sanction "exemplaire" et le président demande un "climat apaisé ou en tout cas empreint de dignité" tout au long du procès. Ce qui ne sera pas toujours le cas. Jusqu'au verdict l'audience aura été électrique. 21 gendarmes dans la salle, encore plus à l'extérieur et des fourgons stationnés devant le palais en attendant le délibéré. 

232 parties civiles, 117 heures de procédure, 5 semaines de procès

La salle Voltaire est bondée pour tous les autres jours considérés comme déterminants. Les caméras et micros forment une jungle technique autour de l'escalier qui voit arriver les premiers avocats et les familles des vic