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7 min de lecture

Pesticide : 4 questions sur le S-métolachlore, qui pourrait être bientôt interdit

Présent dans dix produits vendus aux agriculteurs français, ce composé chimique pollue les eaux souterraines, lorsqu'il se dégrade après son épandage.

Un agriculteur épand des pesticides (Illustration).

Crédit : REMY GABALDA / AFP

Benoît Leroy

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Les débuts d'un nouveau feuilleton ? Depuis le 30 mars dernier, la polémique enfle autour d'un type de pesticide très utilisé en France : le S-métolachlore. En effet, le 15 février, une note de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) annonçait "l’interdiction [progressives] des principaux usages" de cette substance pour "préserver la qualité des eaux souterraines". 

Une annonce qui a déclenché une levée de boucliers dans les rangs des agriculteurs... et du ministère de l'Agriculture.


Comme le glyphosate, le S-métolachlore est une substance active présente dans de nombreux herbicides vendus en France. Il est autorisé à la vente, dans l'Hexagone, depuis 2005. 

S-métolachlore : de quoi parle-t-on ?

 Présente dans une dizaine de produits commerciaux, la substance est considérée comme herbicide, notamment pour lutter contre les mauvaises herbes dans les cultures de soja, sorgho, tournesols ou maïs. Bien qu'ils soient peu connus du grand public, ces produits s'écoulent massivement auprès des agriculteurs. Selon l'Anses, ce produit peut aussi être utilisé par les producteurs de haricots verts, de cannes à sucre. Il est exclusivement destiné au désherbage.
 
Chaque année, entre 1.500 et 2.000 tonnes de cette substance active sont vendues en France. C'est le cas par exemple du Camix, distribué par le géant mondial Syngenta, et utilisé par les producteurs de maïs. En moins de 20 ans, le S-métalochlore est devenu le troisième herbicide le plus utilisé sur le sol français, juste derrière le glyphosate et le prosulfocarbe.

Pourquoi est-il au coeur de la polémique ?

Le 15 février 2023, l'Anses a publié une note au titre clair : "S-métolachlore : vers l’interdiction des principaux usages pour préserver la qualité des eaux souterraines". Et ce, après avoir mené une longue expertise dans un rapport datant de 2021. 
 
Pour comprendre où se situe le problème, il faut expliquer un terme. En effet, chaque produit phytosanitaire, lorsqu'il est utilisé, voit ses matières actives se dégrader au moins partiellement. Ce processus provoque la création de nouvelles molécules, que l'on appelle des "métabolites". C'est sur ce point-là que réside le problème. 
 
"Lors des contrôles des eaux destinées à la consommation humaine, les métabolites du S-métolachlore ont été fréquemment détectés à des concentrations dépassant les normes de qualité", alertait l'Anses. D'après la note de l'agence sanitaire française, ces pollutions ont touché - en 2020, environ 1,6 million de Français. Par ailleurs, les trois quarts des signalements de dépassement des valeurs de sécurité concernant l'eau étaient liés à ce pesticide, selon la même étude.

Que dit le gouvernement ?

Face à ce constat, l'agence avait annoncé avoir engagé une procédure de retrait concernant cet herbicide. Une perspective qui a déclenché la colère des agriculteurs qui pointent l'absence d'alternatives solides à ce jour. Un appel entendu par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesnau. Le 30 mars, devant le congrès du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, il avait indiqué avoir demandé à l'Anses de revenir sur sa procédure en cours.  
 
"L'Anses n'a pas vocation à décider de tout, tout le temps, en dehors du champ européen et sans jamais penser les conséquences pour nos filières", avait-il déclaré. Après cette sortie, plusieurs élus socialistes et écologistes avaient déploré une atteinte à l'indépendance de l'agence sanitaire. 
 
Des critiques qui se font entendre jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. L'eurodéputé Renaissance Pascal Canfin soulignant que la science était "maintenant très claire concernant cet herbicide" et que la priorité était "de travailler aux alternatives pour les agriculteurs, pas de mener des combats du passé", dans des propos cités par Le Monde. D'autant que Luxembourg, qui a interdit ce composé chimique en 2015, est parvenu à en trouver un, le diméthénamide-p.

Que va-t-il se passer ensuite ?

Pour l'heure, l'Anses n'a pas réagi publiquement aux demandes du ministre de l'Agriculture. En tout état de cause, les jours du S-métalochlore sont comptés aujourd'hui. En effet, une interdiction au niveau européen est dans les cartons.

"Je ne demande pas autre chose que de regarder la chronologie européenne", a expliqué le ministre, dans une lettre rendue publique sur Twitter. Une éventuelle interdiction de ce composé chimique pourrait n'intervenir qu'après novembre 2024, laisse-t-il entendre. "On ne peut pas accepter de distorsions" entre les pays européens, a répété le ministre.

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