On a appris mercredi 21 septembre dans le journal Le Monde que l'eau du robinet était sous surveillance dans plusieurs communes des Hauts-de-France en raison d'une pollution de l'eau aux pesticides.
"Il n'y a pas que le Nord qui est concerné, malheureusement. L'utilisation des pesticides se trouve partout, y compris dans certains territoires d'Outre-Mer, et c'est une vieille pollution importante", explique dans Nous Voilà Bien ! Yves Lévi, professeur émérite de Santé Publique, membre de l'Académie nationale de médecine, de l'Académie nationale des pharmacies et de l'Académie des technologies.
"Le déversement des pesticides sur un territoire, c'est l'agriculture et certaines zones urbaines et certains domaines industriels, comme par exemple le long des voies ferrées. Donc ça, c'est malheureusement un phénomène qui existe depuis plus de 30 ans et on continue à utiliser encore beaucoup trop de pesticides en France", résume-t-il en commentant l'étude publiée dans l'enquête du Monde.
"Ce qu'on trouve maintenant dans les ressources en eau et les eaux souterraines, ce sont ce qu'on appelle des métabolites, c'est-à-dire des produits de dégradation du pesticide", indique-t-il. Ces produits de dégradations, n'étaient pas analysés autrefois. "Comme maintenant on les analyse, on se met à en trouver un peu partout, dont certains commencent à poser des problèmes parce qu'ils dépassent des valeurs normatives. Alors on les analyse dans l'eau, mais on ne les analyse pas dans nos fruits ou légumes où, sans doute, il y en a aussi", poursuit-il.
Ces produits qui se sont dégradés à partir des pesticides deviennent des polluants chimiques. Et le problème, qu'indique Yves Lévi, c'est que souvent certains de ces polluants chimiques ne sont pas extraits de l'eau quand on fait le traitement. "Ça veut dire qu'à terme, il va falloir dans certaines régions, d'abord réduire les apports de pesticides indispensables et mettre en place des nouveaux traitements", préconise le professeur de Santé Publique.
Il y a aussi un autre problème : certaines de ces molécules que l'on trouve dans l'eau, "ne sont plus des pesticides". "Pour certaines molécules, on a des informations, donc là, c'est facile, on est capable de mettre une valeur de limite et à partir de là, on respecte cette limite", ajoute-t-il.
"Mais pour d'autres, on n'a aucune information toxicologique (...) Donc, dans ces cas-là, on applique une norme qui est une norme, je dirais non pas scientifique mais politique, qui permet de protéger les populations. C'est une valeur suffisamment basse pour être à peu près sûr qu'on protège vraiment toute la population", conclut Yves Lévi.
Après les explications du professeur Yves Lévi, Flavie Flament lui demande si les eaux minérales naturelles en bouteille sont meilleures pour la santé que l'eau du robinet. "Non, elles ne sont pas meilleures. Elles étaient recommandées à certains malades dans certains cas. Qu'elles soient en bouteille ou au robinet, elles sont toutes contrôlées par le ministère de la Santé. Après, c'est une question de confort, si vous aimez l'eau avec des bulles, très minéralisée ou peu minéralisée. C'est selon vos goûts, mais ce n'est pas un problème de santé", répond Yves Lévi.
Les eaux minérales naturelles, de certaines grandes marques connues, étaient autrefois des eaux des stations thermales, où les gens se rendaient quand ils étaient malades. "Et quand ils revenaient de leurs cures thermales, ils allaient dans leurs pharmacies acheter une bouteille d'eau de la cure où ils avaient été. Au cours du temps, finalement, c'est passé de la pharmacie au supermarché. Et maintenant tout le monde boit ces eaux qui autrefois étaient des eaux réservées aux malades", révèle-t-il.
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