ÉDITO - Bataclan : "Le terrorisme est un poison lent", estime selon William Galibert, après le suicide de Fred Dewilde

On entend sa voix et son portrait, ce mercredi 8 mai, dans les journaux du RTL. C'est un suicide qui prend aux tripes. Et qui nous rappelle à quel point le terrorisme est un poison lent. Quand les armes ont enfin arrêté de cracher la mort ce 13 novembre 2015, ce n'était qu'un début.

Pour les survivants d'abord, il y a les blessures physiques, les corps brisés, mais il y a aussi les blessures invisibles : les esprits brisés, les dépressions, le stress post-traumatique. Un autre rescapé, Guillaume Valette, s'était déjà donné la mort en 2017. 

Et puis il y a nous, nous tous. Comment nos vies ont changé en France, dans le pays d'Europe le plus touché par le terrorisme. Le pire, c'est peut-être qu'on ne peut même plus se souvenir de toutes les victimes, de toutes les attaques menées ou déjouées, que nos cerveaux ne peuvent plus tout retenir : Samuel Paty, Dominique Bernard, Charlie, l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, Saint-Étienne-du-Rouvray, Nice, le supermarché de Trèbes, le marché de Noël de Strasbourg, la gare de Marseille, le parc d'Annecy, la préfecture de police de Paris, le commissariat de Rambouillet, et j'en oublie beaucoup.

Ce poison qui est tellement là que certains attentats ou tentatives ne sont devenus que quelques lignes dans les journaux. Ce poison qui fait qu'on s'est habitués à montrer son sac à l'entrée des magasins, parfois même à l'entrée de son bureau. Ce poison qui a fini par pourrir l'esprit de concorde, de résistance, qui a laissé place aux divisions et aux polémiques politiques.

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Oui, le terrorisme est aussi un poison lent, et la disparition de Fred Dewilde vient de nous le rappeler très cruellement.